Sur 1 Corinthiens 14, 20-40
La parole de Dieu, la foi en Dieu
Saint Jean Chrysostome
Homélies sur les deux épîtres aux Corinthiens, p. 202s

L’apôtre Paul appuie tout d’abord sa parole sur la Loi de Dieu, puis dans un second temps il la confirme par le raisonnement et l’usage ; partout vous le trouverez fidèle à cette marche, partout il attaque le mal, non seulement par l’autorité des Ecritures, mais encore au nom des usages reçus. Il a recours à ce moyen quand il ajoute : Est-ce de chez vous qu’est sortie la parole de Dieu ? Est-ce à vous seuls qu’elle est parvenue ? Il fait comparaître les autres Eglises gardiennes de cette Loi, il retranche le désordre comme une nouveauté ; et son discours sera d’autant plus acceptable qu’il repose ainsi sur le sentiment commun. Il disait d’ailleurs, obéissant à la même inspiration : C’est lui qui vous a remis en mémoire les enseignements que je vous ai donnés, et que je vous donne de toutes parts, dans toutes les Eglises. Il disait encore : Notre Dieu n’est pas un Dieu de dissension, c’est un Dieu de paix, de même que dans toutes les Eglises des saints. Voilà comment il dit : Est-ce de chez vous qu’est sortie la parole de Dieu ? Est-ce à vous seuls qu’elle est parvenue ? Vous n’êtes ni les premiers, ni les derniers, la foi appartient au monde entier. Il l’écrivait également aux Colossiens en parlant de l’Evangile : Comme il fructifie et se développe dans tout l’univers ! Il marche au même but, par une voie différente, pour exhorter ses auditeurs ; ainsi par, exemple, quand il leur déclare qu’ils sont les premiers et qu’ils brillent aux yeux de tous : De vous est sortie la parole de Dieu et la foi que vous avez en Dieu s’est répandue dans toutes les contrées. Deux choses sont également propres à nous encourager, à nous ranimer : les éloges que les autres nous accordent, et la part qu’ils prennent à nos sentiments. De là ce que Paul disait tout à l’heure : Est-ce de chez vous qu’est sortie la parole de Dieu ? Est-ce à vous seuls qu’elle est parvenue ? Vous n’avez pas à me dire : nous n’avons pas été les enseignants des autres ; il n’est pas juste non plus que les autres soient nos enseignants : les progrès de la foi ne se sont pas arrêtés à ces limites ; il n’est pas nécessaire de prendre exemple sur autrui ! Voyez de combien de manière il les confond : il a fait comparaître la Loi, il a mis à nu la honte de leur conduite, les autres Eglises ont appuyé sa leçon.
Il a réservé pour la fin ce qu’il y a de plus fort, en leur déclarant que Dieu lui-même leur intime par lui ses ordres : Si quelqu’un se croit prophète ou inspiré par l’Esprit, qu’il reconnaisse en ce que je vous écris un commandement du Seigneur. Si quelqu’un l’ignore, qu’il reste dans son ignorance. Pourquoi donc ajoute-t-il cela ? Pour leur montrer qu’il n’entend pas user de contrainte, ni soulever une discussion. C’est là le signe de ceux qui ne prétendent pas établir leur propre pensée et qui n’envisagent que le bien de leurs frères.