Sur Jean 4, 5-42
« Je sais que le Christ doit venir… Je le suis, moi qui te parle »
Saint Ephrem de Nisibe
Commentaire de l’Evangile concordant, SC 121, p. 223s

Notre Seigneur vint au puits et demanda de l’eau pour pouvoir en donner, il demanda à boire comme un assoiffé pour avoir l’occasion d’étancher la soif de cette femme. Il fit une demande à la Samaritaine pour pouvoir l’enseigner, et, à son tour, elle lui fit une demande. Bien que riche, Notre Seigneur n’a pas eu honte de mendier comme un indigent pour apprendre à cette femme indigente à mendier. Dominant la pudeur, il ne craignit pas de parler à une femme seule, pour m’apprendre que celui qui se tient dans la vérité ne peut pas être troublé. Il ouvrit la conversation par une demande en vue de provoquer des aveux sincères : Donne-moi à boire. Il demanda de l’eau, puis il promit l’eau de la vie ; il demanda puis cessa de demander, comme la femme qui abandonna sa cruche. Les prétextes avaient cessé parce que la vérité était maintenant présente.
Si tu savais ! Par ces paroles, Jésus lui montra qu’elle ne savait pas, et que son ignorance expliquait son erreur ; il l’instruisit de la vérité, il voulut ôter peu à peu le voile qui était sur son cœur.
La femme lui dit : Tu n’as pas de seau pour puiser et le puits est profond. Il lui répondit : « Mes eaux descendent du ciel, ma doctrine vient d’en haut, car ma boisson est céleste ; ceux qui en boivent n’ont plus soif ».
La femme lui dit : Voici que le Messie va venir : il nous donnera tout. Et Jésus de lui répondre : Je le suis, moi qui te parle. Mais si tu es Roi, pourquoi me demander de l’eau ? Ainsi tout au long de ce dialogue, Notre Seigneur se révéla progressivement à la femme, d’abord comme Juif, puis comme prophète, et enfin comme le Christ. Il la conduisit de degré en degré jusqu’au degré le plus élevé. Elle vit d’abord en lui quelqu’un qui avait soif, un homme ordinaire comme tous les autres hommes, elle qui en avait connu plusieurs, puis un juif qu’elle avait en aversion ; elle interrogea le sage, elle fut corrigé par le prophète. A la fin, elle adora en lui le Christ, Dieu lui-même.