Dimanche des Rameaux et de la Passion
Sur Isaïe 50,4 – 51,3
Le Serviteur docile du Seigneur, c’est le Christ

Saint Jérôme
Sur Isaïe, Livre XIV

Les Juifs séparent les versets que nous venons de lire du passage précédent, et les rapportent à la personne d’Isaïe. Celui-ci dit bien avoir reçu de Dieu une parole, afin de savoir comment réconforter le peuple épuisé et incertain et le rappeler au salut : à la manière des petits enfants qui sont instruits dès le matin, il a entendu de l’Esprit-Saint ce qu’il devait dire. Isaïe ne s’est pas révolté contre ce commandement ; à la question du Seigneur : Qui enverrai-je ? Qui ira vers ce peuple ? Il répondit : Me voici, envoie-moi (6,8).
Il prononça alors cet oracle : Ecoutez la parole du Seigneur, vous qui ressemblez aux chefs de Sodome : prêtez l’oreille à la loi de notre Dieu, vous qui ressemblez au peuple de Gomorrhe ! (1,10). Pour avoir dit cela, le prophète endura des peines amères ; il fut, non seulement outragé en paroles, mais exposé aussi à la douleur des coups ; néanmoins, dans la conviction d’une injonction divine, il ne fut pas du tout effrayé.
Cependant, tout ce passage doit être rapporté à la personne du Seigneur : selon l’économie de l’Incarnation, il a été instruit, il a reçu une langue de disciple, pour savoir quand il devait parler, et quand se taire. Finalement, s’il a gardé le silence pendant la passion, il parle maintenant dans l’univers entier par ses apôtres et par les disciples des apôtres. Et certes, c’est le propre d’une grande sagesse que de donner à ses compagnons de service la nourriture en temps voulu et de s’adapter au caractère des auditeurs. L’instruction reçue a ouvert ses oreilles afin qu’il transmît jusqu’à nous la connaissance du Père, lui qui ne s’est pas révolté, mais s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort sur une croix. Il a ainsi présenté son corps, ou plutôt son dos à ceux qui le frappaient et les fouets sont tombés sur la poitrine qui contenait Dieu. Il n’a pas protégé son visage des soufflets. Oui, le Christ a vraiment enduré tout cela de la part d’un serviteur du grand-prêtre, et à l’envi, le peuple juif l’a tourné en dérision.
Criblé de coups, couvert de crachats, il n’a pas eu honte, mais, comme un agneau, il a été conduit à l’immolation ; comme une brebis devant les tondeurs, il n’a pas ouvert la bouche. Selon le mystère du corps qu’il a assumé, lui, le Fils, il a entendu du Père ce qu’il devait dire : Le Père qui m’a envoyé, m’a enseigné ce que je devais dire, et déclarer. Et encore : Je rends mon jugement d’après ce que j’entends.