Sur Hébreux 12, 1-11
Marcher à la suite du Christ
Père Pierre Grelot
Une lecture de l’épître aux Hébreux, p. 116s

La longue phrase qui ouvre la lecture que nous venons d’entendre met en son centre Jésus lui-même. L’auteur résume tout le développement du chapitre précédent quand il évoque la grande nuée de témoins qui entoure ses lecteurs : ce sont là tous les saints de l’Ancien Testament, témoins anticipés du Christ futur ; ils entourent maintenant les fidèles et les invitent à marcher sur leurs traces. Les derniers qui sont nommés durent supporter de terribles épreuves ; les fidèles d’aujourd’hui doivent donc faire face pour courir avec constance vers l’épreuve qui leur est proposée. Mais pour trouver le courage nécessaire, les fidèles ne regardent pas seulement vers les exemples du passé, ils ont devant leurs yeux le Christ lui-même.
L’auteur de la lettre les invite donc à tourner leur regard vers Jésus lui-même. Dans notre langage d’aujourd’hui, nous dirions qu’il est l’objet de leur foi. Ici, il est présenté d’une façon plus concrète comme celui qui la fonda, celui qui la rend parfaite, qui la conduit à son achèvement. Or, l’exemple donné par Jésus doit rester présent dans toutes les mémoires. On pourrait entendre l’expression employée comme l’expression d’un irréel du passé : au lieu de la joie qui aurait pu lui être proposée, Jésus a enduré la croix dont il méprise l’infamie. Voilà bien l’exemple que les disciples doivent suivre. N’est-ce pas leur meilleur soutien dans les épreuves éventuelles ? Pour Jésus, la honte de la croix fut lé réussite suprême de sa mission ici-bas : c’est pour avoir accepté la mort la plus infâme qu’il siège désormais à la droite du trône de Dieu. L’auteur reprend ici une expression du psaume 109, déjà employée à plusieurs reprises, mais il y ajoute une allusion métaphorique à la royauté divine : le trône. Si Celui auquel les disciples croient a subi une telle contradiction de la part des pécheurs, à quoi doivent s’attendre ceux qui croient en lui ? il s’agit de le suivre sur la voie où il s’est engagé lui-même, sans se laisser abattre par lassitude, ni à plus forte raison défaillir. Le dernier mot de la phrase est un encouragement à la lutte : Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang. Ceux qui ont donné leur foi au Christ doivent être prêts à tout, même au témoignage suprême dont Jésus a donné lui-même l’exemple.