Sur Jean 12, 1 -11
La bonne odeur de Jésus Christ

Saint Augustin
Traités sur l’Evangile de Jean, traité 50, OC 10, p. 142s

Or Marie, l’autre sœur de Lazare, prit une livre de parfum de nard pur, d’un grand prix, le répandit sur les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux, et la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Voilà le fait, recherchons ce qu’il a de mystérieux. Qui que vous soyez, voulez-vous être une âme fidèle, répandez avec Marie sur les pieds su Sauveur un parfum précieux. Ce parfum, c’était la justice, voilà pourquoi il pesait une livre ; c’était aussi un parfum de nard pur de grand prix. Le mot « pur », pistici, employé ici, n’est pas mis sans dessein, car il est en parfait accord avec le mystère dont il s’agit. Ce mot vient du grec pistis qui veut dire foi. Vous cherchez à opérer la justice dont il est dit : Le juste vit de la foi, répandez des parfums sur les pieds de Jésus, suivez les traces du Sauveur par une vie sainte, essuyez ses pieds avec vos cheveux ; si vous avez du superflu, donnez-le aux pauvres, et vous avez essuyé les pieds du Sauveur, car les cheveux sont une partie superflue du corps. Mais ces choses superflues ont leur emploi, elles sont superflues pour vous, mais nécessaires aux pieds du Seigneur. Peut-être les pieds du Sauveur sont dans le besoin sur terre. N’est-ce pas de ses membres, en effet, qu’il doit dire à la fin des temps : Ce que vous avez fait pour le plus petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait ; vous avez distribué votre superflu, mais vous l’avez consacré au service de mes pieds.
Or, la maison fut remplie de l’odeur du parfum, c’est-à-dire le monde fut rempli de la bonne renommée de cette femme, car la bonne odeur, c’est la bonne renommée. Ceux qui associent le nom de chrétiens à une vie déréglée, font injure à Jésus-Christ, et c’est de ces chrétiens qu’il est dit : Que le nom de Dieu est blasphémé par eux (Romains 2,24). Si le nom de Dieu est blasphémé par les mauvais chrétiens, il est au contraire honoré et loué par les bons. Ecoutez ce que dit l’apôtre : Nous sommes en tout lieu la bonne odeur de Jésus-Christ. Il est dit aussi dans le Cantique des cantiques (1,2) : Votre nom est un parfum répandu. Rapprochez ces paroles de celles de l’apôtre, nous sommes la bonne odeur de Jésus-Christ pour ceux qui sont sauvés comme pour ceux qui périssent ; aux uns, nous sommes une odeur de vie pour la vie, aux autres une odeur de mort pour la mort. Dans les deux cas, il est question d’une bonne odeur. Heureux ceux à qui la bonne odeur donne la vie, mais quoi de plus malheureux que ceux qui trouvent dans la bonne odeur un principe de mort.