Sur Apocalypse 18,21-19,10

L’Agneau dans l’Apocalypse

Père Léopold Sabourin

Les noms et les titres de Jésus, p. 165s

 

Le mot grec amnos « agneau » n’est pas employé dans le livre de l’Apocalypse, mais arnion qui désigne l’Agneau rédempteur et victorieux. Le contexte de l’Exode y est présent, par exemple dans le cantique des quatre Vieillards adressé à l’Agneau : Tu es digne de prendre le livre, d’en ouvrir les sceaux ; tu nous rachetas pour Dieu au prix de ton sang. Comme les Hébreux sont rachetés, c’est-à-dire délivrés de la terre du péché et de la Servitude, qu’était l’Egypte, ainsi les disciples du Christ, marqués du sang de l’Agneau, sont rachetés, séparés de la terre, c’est-à-dire du monde rebelle à Dieu, pour être ainsi acquis pour Dieu.

D’autres textes de l’Apocalypse dévoilent aussi le trait, pour l’Agneau, de chef victorieux. A sa suite marchent les 144.000 vierges, c’est-à-dire ceux qui ne se sont pas souillés avec cette prostituée qu’est l’idolâtrie, en adorant la Bête ; ils seront invités au festin des noces de l’Agneau. L’Agneau de l’Apocalypse est à la fois le Messie triomphant, conduisant le peuple à la victoire, et le Messie souffrant qui donne sa vie pour les siens. Dans la figure du Serviteur était annoncée et préparée l’interprétation sacrificielle de la mort du Sauveur. Ecoutons, le refrain majestueux des hymnodes célestes : Digne est l’Agneau égorgée de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange.

         Au sujet de la bête dominatrice, l’Apocalypse révèle que de tous les habitants de la terre, seuls l’adoreront ceux dont le nom n’a pas été écrit dans le livre de vie de l’Agneau immolé dès la fondation du monde. L’Agneau, en effet, peut être dit immolé dès la fondation du monde, puisque la Rédemption est éternellement présente à la pensée divine et qu’elle a porté des fruits avant le christianisme. Bossuet ajoute : Il a été massacré en Abel le Juste ; quand Abraham voulut sacrifier son fils, il commença en figure ce qui devait être achevé en Jésus-Christ. On voit aussi s’accomplir en lui ce que commencèrent les frères de Joseph ; il a été avec Jérémie dans le lac profond, avec les enfants dans la fournaise, avec Daniel dans la fosse aux lions. C’était lui qu’on immolait en esprit dans tous les sacrifices. N’ayant jamais cessé d’être immolé en figure, il vient maintenant l’être en vérité.