sur Jean 14, 6-14
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Saint Pierre Chrysologue
Sermons 147, Du sacrement de l’Incarnation, Internet

Voyant le monde bouleversé, Dieu mit en œuvre son amour pour le rappeler à lui, l’inviter à sa grâce, lui proposer la charité, se l’attacher par son amour. Lhomme empli de vices, Dieu l’a noyé dans un Déluge justicier, mais il appelle Noé à engendrer un monde nouveau, l’encourage par ses paroles, lui donne confiance par sa familiarité, l’initie au présent, le console par l’espoir des biens à venir. Il prend part à son travail, l’aide à enfermer dans l’arche le germe de tout un monde, afin que l’amour de son Alliance ôte la crainte de l’esclavage, et pour que la communion d’amour sauve le monde futur.
Dieu appelle Abraham du milieu des nations, il magnifie son nom, et le fait père de la foi. Il l’accompagne sur sa route, le protège au milieu des étrangers, le comble de richesses, l’assure de ses promesses, l’arrache des mains injustes, le console dans son hospitalité, le glorifie par une naissance qu’il n’espérait plus, afin qu’ainsi comblé de tant de biens, attiré par la douceur de l’amour divin, il apprenne à aimer Dieu, à l’adorer par amour, et à ne plus le craindre.
Dieu console également Jacob en fuite par des rêves, le provoque au combat, l’étreint dans la lutte pour qu’il aime le Père et ne le craigne plus. Il appelle aussi Moïse et bien d’autres, et parle à tous d’un Père qui les aime profondément.
La flamme de l’amour divin a donc embrasé le cœur humain, l’ivresse de l’amour de Dieu s’est répandue chez les hommes ; ceux-ci ont commencé à désirer voir Dieu avec leurs yeux de chair. Dieu que le monde ne peut contenir, comment le regard limité de l’homme le verrait-il ? L’amour ne connaît pas de mesure ; l’amour n’admet pas le prétexte de l’impossibilité. Tous les saints ont désiré voir Dieu. Moïse ose dire à Dieu : Si j’ai trouvé grâce devant toi, montre-moi ton visage. Dieu savait les hommes tourmentés du désir de le voir. Il avait pourtant fait l’homme à son image et à sa ressemblance. Qui plus est, il a pris chair parmi nous pour être vu de nous. Comment peux-tu dire, Philippe, montre-nous le Père ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi.