Sur Apocalypse 20, 1-15

La résurrection

Saint Augustin

Sur le Symbole, autres sermons aux catéchumènes, 11, OC 22, p.241s

 

Toute l’espérance de notre foi, c’est que nous ressusciterons, nous ressusciterons tous, mais nous ne serons pas tous changés (1 Co 15,5). Les bons ressusciteront, les méchants ressusciteront ; mais les bons pour jouir de la béatitude éternelle, les méchants pour être punis par le feu éternel. Là, on distinguera le fidèle de l’infidèle, pour donner à la foi sa récompense, et à l’incrédulité le lieu de son supplice. C’est en vain que les impies se flatteraient de cette parole du psaume (1,5) : Les impies ne ressuscitent pas pour le jugement. On dit pour le jugement, c’est-à-dire, ils ressusciteront, non pour être jugés, parce que leur incrédulité les a déjà condamnés, selon cette parole du Maître : Celui qui ne croit pas est déjà jugé (Jean 3,18). Mais l’apôtre, pour ôter l’ombre du doute du cœur des infidèles, propose la parabole du semeur : Insensés, ditil, ce que vous semez ne prend point vie s’il ne meurt auparavant (1 Co 15, 36). Pour ce qui est de la semence, vous savez tous que le grain d’abord est battu, nettoyé, enfermé dans le grenier. Puis on prend le grain, on le jette dans le champ, et on le couvre de terre. Si on ne connaissait pas la fertilité des moissons, tout cela nous paraîtrait une folie. Cependant quand le grain est enterré et dérobé à votre vue sous la terre, il est comme mort. Si la curiosité vous portait à le voir, avant que la pluie de l’ait arrosé, vous trouvez pourri et corrompu ce grain qui a été semé dans un état parfait. Si l’espérance de la moisson vient à être trompée, on a la mort dans l’âme ; on croit avoir perdu ce que l’on avait dans son grenier. Mais lorsque la pluie est venue, quel plaisir de voir l’herbe verdoyante, la tige qui s’élève, qui forme des nœuds surmontée d’une aigrette, et montrant des épis ? N’est-ce pas une jouissance de voir ce qui était mort revivre ainsi ? Mais la terre ne doit pas s’attribuer la fertilité, c’est le Seigneur qui répand ses bénédictions (Psaume 84,13). Si la pluie ne tombe pas du ciel, même la bonne terre ne produira point d’épis, mais plutôt des épines qui seront livrées au feu, et non serrées dans le grenier. C’est ainsi que notre terre, c’est-à-dire notre corps, ne doit s’attribuer aucun mérite, soit ici-bas, soit dans l’autre vie ; reconnaissons que, même au ciel, nous recevrons grâce pour grâce.