sur Apocalypse 19, 11-21

Chercher à devenir moine

Saint Palamon

Les vies coptes de saint Pachôme, p. 84s

 

Pachôme se rendit à la cellule d’un ancien abba Palamon ; il frappa à la porte. L’ancien le vit et lui dit rudement : « Et bien ! Pourquoi frappes-tu ? ». Son langage en effet était un peu vif. Alors Pachôme lui dit : « Je désire que tu me permettes de devenir moine auprès de toi, mon père ». L’ancien abba Palamon lui dit : « Ce que tu demandes n’est pas une chose simplement quelconque ; de fait, beaucoup d’hommes vinrent ici pour cela, ils ne purent le supporter, et ils sont retournés honteusement en arrière parce qu’ils n’ont pas voulu peiner dans la vertu. Pourtant l’Ecriture nous l’ordonne en de nombreux passages, nous exhortant à peiner dans des jeûnes, des veilles et de nombreuses prières, afin de nous sauver. Va, installe-toi, tiens bien ce que tu as saisi, et tu seras honorable devant Dieu. Je vais t’exposer la mesure du monachisme ; tu t’examineras et tu verras si, oui ou non, tu pourras supporter la chose. La règle du monachisme est la suivante : en tout temps, nous passons la moitié de la nuit, même bien des fois du soir au matin, en veillant, en récitant les paroles de Dieu, et en faisant quantité de travaux manuels, en fil, en poil, en fibre de palmier, pour que le sommeil ne nous importune pas et pour les besoins de la subsistance corporelle ; ce qui excède nos besoins, nous le donnons aux pauvres. Quant à la règle de la prière, soixante oraisons le jour, cinquante la nuit, sans compter les oraisons jaculatoires que nous faisons afin de n’être pas menteurs, puisqu’on nous a ordonné de prier sans cesse, et que celui d’entre vous qui est dans la peine, prie ; notre Seigneur Jésus Christ ordonne à ses disciples : Priez afin de ne pas entrer en tentation, et parce que la prière est la mère de toutes les vertus. Maintenant donc, voilà que je t’ai appris la loi du monachisme ; quant à toi, examine-toi en tous points. Si tu es capable de faire ce que je t’ai appris, et si tu ne retournes pas timidement en arrière, alors nous nous réjouirons avec toi du soir au matin, du matin au soir, dans des prières, des récitations et des travaux manuels nombreux pour juger ton quantum de sommeil et voir si tu résistes sans te trouver mal ».

Pachôme fit avec une grande obéissance ce que abba Palamon lui avait ordonné. Puis, peu à peu, ils se mirent tous les deux debout, prièrent et continuèrent à veiller en bénissant Dieu, et en exécutant leur travail manuel sans arrêt. Et quand l’ancien voyait le jeune homme tomber de sommeil, il le réconfortait en lui disant : « Sois vigilant, ô Pachôme, ne peur que Satan ne te tente, car beaucoup se sont endormis à cause de la lourdeur du sommeil. Lorsque l’ancien le vit résister jusqu’à l’heure de la synaxe, il se réjouit fort de son obéissance et de son avancement, s’en félicitant pour son propre salut.