sur Josué 2, 1-24_

La prière dans les sermons de saint Antoine

Benoît XVI

Audience Générale du 10 février 2010, catéchèse sur Antoine de Padoue

 

         Antoine écrivit deux cycles de sermons, intitulés respectivement « Sermons du dimanche » et « Sermons sur les saints ». Dans ces sermons, il commente les textes de l’Ecriture présentés par la liturgie, en utilisant l’interprétation patristique et médiévale des quatre sens : le sens littéral ou historique, le sens allégorique ou christologique, le sens tropologique ou moral, et le sens analogique qui conduit vers la vie éternelle. Aujourd’hui, on découvre que ces sens sont des dimensions de l’unique sens de l’Ecriture Sainte et qu’il est juste d’interpréter l’Ecriture Sainte en recherchant les quatre dimensions de sa parole. Ces sermons de saint Antoine sont des textes théologiques et homilétiques, qui rappellent la prédication vivante, dans lesquels Antoine propose un véritable itinéraire de vie chrétienne. La richesse d’enseignements spirituels contenue dans les « Sermons » est telle que le vénérable pape Pie XII, en 1946, proclama Antoine Docteur de l’Eglise, lui attribuant le titre de « Docteur évangélique », car, de ces écrits, émanent la fraîcheur et la beauté de l’évangile ; aujourd’hui encore, nous pouvons les lire avec un grand bénéfice spirituel.

Dans ces Sermons, saint Antoine parle de la prière comme d’une relation d’amour qui pousse l’homme à un dialogue affectueux avec le Seigneur, créant une joie ineffable, qui enveloppe doucement l’âme en prière. Antoine nous rappelle que la prière a besoin d’une d’atmosphère de silence, qui ne coïncide pas avec le détachement du bruit extérieur, mais qui est une expérience intérieure, qui vise à éliminer les distractions provoquées par les préoccupations de l’âme, en créant le silence dans l’âme elle-même. Selon l’enseignement de cet éminent Docteur franciscain, la prière s’articule autour de quatre attitudes indispensables, qui, dans le latin d’Antoine, sont définies ainsi : obsecratio, oratio, postulatio, gratiarum actio. Nous pourrions les traduire de la façon suivante : ouvrir avec confiance son cœur à Dieu, tel est le premier pas de la prière, pas simplement saisir une parole, mais ouvrir son cœur à la présence de Dieu ; puis s’entretenir affectueusement avec Lui, en le voyant présent avec moi ; et, chose naturelle, lui présenter nos besoins ; enfin, le louer et lui rendre grâce. Dans cet enseignement d’Antoine sur la prière, nous saisissons l’un des traits spécifiques de la théologie franciscaine, dont il a été l’initiateur, c’est-à-dire le rôle assigné à l’amour divin qui entre dans la sphère affective, de la volonté, du cœur et qui est également la source d’où jaillit une connaissance spirituelle qui dépasse toute connaissance. En effet, lorsque nous aimons, nous connaissons. La charité, écrit-il, est l’âme de la foi, elle la rend vivante ; sans l’amour, la foi meurt.