Sur Jacques 5,12-20
A chacun selon ses œuvres
Saint Augustin
Sermons, Quatrième série, sermon 279, OC 20, p. 533-534

N’est-il pas raisonnable et salutaire, pour les personnes en difficulté ou malades, de courir à l’église, d’y recevoir le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, de s’oindre avec foi d’huile bénite : des personnes-là recevront, selon la parole de l’apôtre saint Jacques, non pas seulement la santé du corps et de l’âme, mais encore la rémission de leurs péchés. C’est ainsi en effet que le Saint-Esprit l’a promis par cet apôtre : Quelqu’un parmi vous est-il malade, qu’il appelle les prêtres de l’église, et qu’ils prient sur lui en l’oignant d’huile au nom du Seigneur, et s’il a commis des péchés, ils lui seront remis.
Quiconque, au fond de sa conscience, se reconnaît véritablement chaste, sobre, humble, miséricordieux, peut se réjouir et rendre grâces à Dieu ; mais qu’il consacre toutes ses forces appuyées sur la grâce, non seulement à conserver en lui les divines faveurs, mais à les augmenter encore. Que celui qui se reconnaît au contraire négligent, intempérant, coléreux, envieux, superbe, se hâte se recourir aux remèdes de la pénitence. Pécheur, avant que ton âme pleine de ténèbres quitte ce malheureux corps, qu’elle ait la santé du salut en vue du jour du jugement ; répands d’abondantes aumônes, pleure, gémis, jeûne, veille, prie sans cesse, afin que ton âme, je le répète, avant d’être ravie à cette chair fragile et pécheresse, soit sauvegardée contre les peines éternelles par les remèdes de la contrition et de l’humilité de cœur. Dieu ne méprise pas un cœur contrit et humilié, dit le psalmiste. Sous la main du médecin tout-puissant, il ne sied pas qu’un pécheur, quel qu’il soit, désespère. Il a d’inépuisables trésors de miséricorde ; non content d’accorder le pardon au repentir sincère, il lui permet encore d’obtenir les récompenses de l’éternité. Nous ne devons ni désespérer, ni nous bercer d’espérances illégitimes. Crains, ô homme, la justice de Celui dont tu espères la miséricorde ; sa vengeance est d’autant plus terrible quand on retarde volontairement son retour à lui, qu’il a plus longtemps attendu ce retour. En ce monde, Dieu prolonge sa miséricorde, il exercera sa justice dans l’autre. Alors s’accomplira ce qui est écrit : Je rendrai à chacun selon ses œuvres.