Sur 1 Corinthiens é, 1-16

Dieu est notre mère

Sainte Julienne de Norwitch

Le Livre des Révélations, chapitre 59, p. 199s

 

Tout le bonheur, nous le recevons par miséricorde et par grâce. Jamais nous ne l’aurions eu, ni connu, si la bonté qui est en Dieu avait été contrariée. C’est elle qui nous procure un tel bonheur. La bonté de la miséricorde et de la grâce a tout transformé en bonté et en gloire pour tous ceux qui seront sauvés. C’est le propre de Dieu de rendre le bien pour le mal. Ce faisant, Jésus est notre vraie mère. Nous tenons de lui l’être, fondement de la maternité, et toute cette suave sauvegarde d’amour qui s’ensuit à jamais.

Tout aussi véritablement que Dieu est notre père, il est notre mère, il l’a manifesté dans toutes ses révélations, notamment par ces douces paroles : « C’est Moi qui suis la puissance et la bonté de la paternité. C’est Moi qui suis la sagesse et la nature bonne de la maternité. C’est Moi qui suis la lumière et la grâce de tout l’amour béni. C’est Moi qui suis la Trinité. C’est Moi qui suis l’Unité. C’est Moi qui suis la haute et souveraine bonté de toutes choses. C’est Moi qui te fais aimer. C’est Moi qui te fais languir. C’est Moi qui rassasie éternellement tous les vrais désirs ».

Notre Père souverain, Dieu tout puissant qui est l’Etre, nous connaît et notre aime antérieurement à l’existence du temps. En cette connaissance, dans les profondeurs de sa charité et par les desseins éternels de la Sainte Trinité, il voulut que la seconde Personne devint notre Mère, notre Frère, notre Sauveur. Il s’ensuit qu’aussi véritablement Dieu est notre Père, il est notre Mère. Notre Père veut, notre Mère œuvre. Notre bon Seigneur, le Saint Esprit, confirme. Aussi nous appartient-il d’aimer notre Dieu en qui nous avons l’être, en le remerciant et en le louant avec révérence pour nous avoir créés, en implorant instamment notre mère pour recevoir merci et pitié, et notre Seigneur le Saint Esprit pour avoir secours et grâce. En ces trois fondements, nature, miséricorde et grâce, est toute notre vie. Ils nous procurent la douceur, la patience et la pitié ainsi que la haine du péché et de la méchanceté. Ainsi Jésus est notre vraie Mère, quant à la nature, en ce qui concerne notre première création. Toutes ces belles opérations, tous les doux offices naturels de cette précieuse maternité sont le fait de la deuxième Personne. Car c’est en elle que cette volonté bonne demeure en sa totalité et en toute sûreté à tout jamais tant par nature que par grâce, et par la bonne volonté de Dieu.

On peut donc distinguer trois sortes de maternité en Dieu. La première quand Dieu créa fondamentalement notre nature humaine ; la seconde quand il revêtit notre nature : ainsi commence la maternité de grâce ; la troisième, une maternité d’opération qui irradie la grâce en longueur, en largeur, en hauteur, en profondeur, à l’infini. Tout n’est qu’un seul amour.