Sur 1 Samuel 21, 1-10

David « hors la loi »

 

Père Jean Steinmann

David, roi d’Israël, p. 34s

 

La plus ancienne tradition élohiste, qui circulait dans le royaume du Nord après la mort de David, nous montre le fugitif, David, arrivant à Nob, à l’aube même du jour qui suit son départ nocturne. Ce Nob, sanctuaire de Dieu, se situait, semble-t-il, à quelques kilomètres de Gibéa, tout près de Jérusalem, soit sur le mont Scopus, l’une des collines qui s’étendent au nord de la ville, soit peut-être même au sommet du mont des Oliviers. La proximité de la citadelle jébuséenne de Sion ne lui faisait pas obstacle. Les Hurrites de la ville forte devaient respecter Dieu, d’autant plus que les Israélites vivaient en paix avec eux. Ce temple de Dieu, très humble, était desservi par le clan sacerdotal d’Ahimelek. En l’absence de l’Arche restée à Qiriath Yearim sous le contrôle des Philistins, le culte se concentrait autour d’un objet sacré, l’éphod, qui, malgré les ordres de Moïse, représentait peut-être Dieu, et servait à la divinisation. La cour de Saül devait fréquenter assidûment le petit temple de Nob. Celui-ci jouissait probablement d’un rôle officiel.

Au prêtre Ahimelek, David demande secours, lui voilant, d’après le texte, sa situation de fugitif traqué. Mais, devant cet homme sans arme et sommairement vêtu, le prêtre fut désorienté et bouleversé. David argua d’une mission secrète et urgente donnée par le roi et prétendit que sa suite l’attendait à un rendez-vous. Il implora qu’on lui fournît vite des provisions et des armes.

L’appui trouvé par David auprès du clergé iahviste de Nob est incontestable. Mais certains traits du récit sont d’origine populaire. Ahimelek n’était peut-être pas si naïf qu’il le paraît ! Un appui effectif et conscient à David, qui jouissait des sympathies les plus vives des milieux iahvistes fervents, explique l’affreuse vengeance de Saül. Car David et Ahimelek furent trahis par Doëg, un édomite, fonctionnaire du roi, courrier ou chef muletier, retenu au sanctuaire probablement pour un vœu. La vengeance de Saül fut épouvantable ; on en garda longtemps l’horrible souvenir dans le pays d’Ephraïm : elle montrait que Saül ne reculait devant rien pour supprimer un ennemi qui représentait à ses yeux un danger mortel pour sa dynastie.