Sur 1 Rois 18, 16b-40

Le sacrifice du Carmel

 

Pseudo-Ephrem

Le saint Prophète Elie d’après les Pères de l’Eglise, p. 396s

 

Et maintenant, envoie me rassembler tout le peuple d’Israël au Carmel. C’est étonnant comme le roi obéit à Elie qui demandait le rassemblement du peuple, comment le peuple lui obéit humblement, alors qu’il le reprenait amèrement pour ses œuvres mauvaises, et comme le peuple accomplit la parole d’Elie quand il demandait à lutter contre les prophètes de Baal. Or, ces prophètes ne trouvèrent pas le moyen d’éviter sa rencontre ; peut-être même la cherchaient-ils. Nous aussi, nous savons que de nos jours des hommes faux et séducteurs font ainsi. Or, ils pensent que les prêtres de Baal firent un autel et enfermèrent au fond un homme qui, à leur signe et au moment défini, mettrait le feu et détruirait le tas de bois et le taureau qui était sur l’autel. Et confiant en cela, ils se préparèrent à venir au combat, exultant de joie pour la victoire escomptée.

Elie brisa aussitôt leur vain espoir. La vraie raison pour laquelle Elie ordonna de verser de l’eau sur l’autel et sur la terre alentour, c’est qu’il voulait en effet fermer la bouche des prêtres de Baal, sachant qu’ils allaient le contredire, proclamer que le feu n’était pas descendu du ciel, mais monté de la terre, et qu’Elie, secrètement, et avec beaucoup de ruse, l’avait enfermé dans l’autel , et que de là ce feu caché était monté, avait détruit le bois et le taureau dessus. Or, il est sûr que c’est la providence de Dieu qui a ôté de l’esprit du peuple qui l’entourait tout mauvais soupçon contraire à sa droiture et à son intégrité envers le peuple qui le voyait. Et le doute de ceux qui voyaient augmenta envers les prêtres de Baal : n’avaient-ils pas usé de ruse en construisant leur autel, n’avaient-ils pas enfermé le feu dans l’autel, et confiants en leur ruse, n’avaient-ils pas montré joie et grande vaillance en début de la lutte, comme ceux qui ne doute pas de la victoire escomptée. Sinon, ils se seraient rassemblés moins nombreux, or ils étaient nombreux, quatre cent cinquante faux-prophètes.

Elie, sur le mont Carmel, a abrogé les sacrifices des prêtres païens, ministres de vanité, par l’holocauste qu’il a offert au Dieu vivant ; il nous donne ainsi une image vivante de l’holocauste qu’a fait l’Emmanuel sur le mont Golgotha ; il a fait cesser par son propre sacrifice tous les sacrifices prescrits par Moïse et les holocaustes que les païens offraient aux dieux infâmes. Le feu du Seigneur tomba et il mangea le sacrifice, le bois, les pierres, la poussière ; il lapa l’eau qui était dans le canal. Le feu d’Elie mangera les pierres, les adorateurs des pierres rougiront de honte ; ton feu mangera le bois et ceux qui font leurs dieux de bois sculpté seront confondus et se détourneront de leur folie.