sur 1 Rois 16,29 – 17,16

Avez-vous la religion dans le cœur ?

 

Saint Jean-Marie Vianney

Sermons de Jean-Marie Vianney, p. 32s

 

Que sommes-nous devenus, frères, depuis notre conversion ? Au lieu d’aller toujours en augmentant, hélas, quelle lâcheté, quelle indifférence nous habite ! Non, le Seigneur ne peut souffrir cette perpétuelle inconstance où l’on passe de la vertu au vice, et du vice à la vertu. Dites-moi, frères, n’est-ce pas là votre conduite ou votre manière de vivre ? Votre pauvre vie est-elle autre chose qu’une suite de péchés et de vertus ? Vous vous confessez, et le lendemain vous retombez, peut-être le même jour ? Pourquoi cela, frères, sinon parce que vous n’avez qu’une fausse religion, une religion d’habitude et de penchant, et non une religion du cœur ! Allez, frères, vous n’êtes que des inconstants ; allez, frères, vous n’avez qu’une fausse dévotion. Vous n’êtes, dans tout ce que vous faites, que des hypocrites et rien de plus : le Seigneur n’a pas la première place dans votre cœur, mais bien le monde et le démon. Hélas, frères, combien de personnes, qui, pendant un certain temps, semblent aimer Dieu pour de bon, et qui ensuite l’abandonnent ! Que trouvez-vous donc de dur et de pénible dans le service du Seigneur, qui vous a si fort rebuté et vous a fait tourner du côté du monde ? Et pourtant, dans le moment où Dieu vous a fait connaître votre état, vous avez reconnu combien vous vous étiez trompé. Hélas ! Si vous avez peu persévéré, la raison de ce malheur est que le démon était bien fâché de vous avoir perdu. Il a fait tant qu’il vous a regagné. Il espère maintenant vous garder tout à fait. Hélas ! Que d’apostats qui ont renoncé à leur religion et qui ne sont plus chrétiens que de nom !

Une personne qui a une véritable vertu, rien n’est capable de la faire changer, elle est comme un rocher au milieu de la mer, battu par les vents. Qu’on la méprise, qu’on la calomnie, qu’on se moque d’elle, tout cela ne lui ôte pas la paix de l’âme. Elle aime tous ceux qui la traitent d’hypocrite, elle ne se lasse pas de faire du bien à tous, de soutenir tous ceux qu’elle côtoie même s’ils disent du mal d’elle. Elle prie pour tous, tout comme à l’ordinaire, car son amour pour Dieu a pris profondément racine dans son âme.