Sur Matthieu 17, 1-9

La nuée lumineuse et la voix du ciel

 

Origène

In Joie de la Transfiguration d’après les Pères d’Orient, p. 30-31

 

Il parlait encore quand une nuée lumineuse les enveloppa de son ombre… Je pense que Dieu détourna Pierre de dresser trois tentes sous lesquelles, conformément à sa volonté, ils devaient faire leur demeure, en lui montrant pour ainsi dire une tente meilleure et de beaucoup supérieure : la nuée. Car si le rôle d’une tente est d’envelopper de son ombre et d’abriter qui s’y trouve, la nuée lumineuse les enveloppa de son ombre, comme si Dieu avait fabriqué pour eux une tente à la fois plus divine et plus lumineuse pour leur signifier le repos futur. De fait, une nuée lumineuse enveloppe de son ombre les justes qui y trouvent abri, et, en même temps, sont illuminés et éclairés par elle.

Mais que pourrait être cette nuée lumineuse qui enveloppe les justes de son ombre sinon la puissance paternelle, origine de la voix du Père qui porte témoignage au Fils en disant qu’il est aimé et approuvé , et qui exhorte, ceux qui sont sous son ombre, à l’écouter à l’exclusion de tout autre ? Comme il le fit autrefois, Celui-ci parle toujours par la voix de qui il veut. Peut-être également, la nue lumineuse est-elle l’Esprit-Saint ; elle enveloppe les justes de son ombre, et prophétise, car Dieu agit en elle et dit : Celui-ci est mon Fils, mon aimé, en qui je me suis complu. Avec de l’audace, je dirais même que cette nuée lumineuse est notre Sauveur. Ainsi donc, quand Pierre dit : Dressons ici trois tentes, l’une vient du Père, une autre du Fils et la troisième de l’Esprit-Saint, car, de fait, la nuée lumineuse du Fils et de l’Esprit-Saint enveloppe de son ombre les véritables disciples du Christ.

Ou encore, la nuée lumineuse enveloppe de son ombre l’Evangile, la Loi et les Prophètes pour quiconque est capable de contempler sa lumière, diffuse à travers l’Evangile, la Loi et les Prophètes. Et peut-être est-ce à Moïse et à Elie que la voix sortie de la nuée dit : Celui-ci est mon Fils, mon aimé, en qui je me suis complu, écoutez-le, car ils désiraient voir le Fils de Dieu, l’écouter et le contempler tel qu’il était dans sa gloire. Elle apprends peut-être aux disciples que celui qui est, de plein droit, le Fils de Dieu et son aimé, en qui il s’est complu, qu’il faut écouter plus que tout autre, est celui-là même qu’ils contemplaient alors, transfiguré, avec un visage brillant comme le soleil et des vêtements blancs comme la lumière.