Sur Osée 11, 1-9

Les martyrs de Corée

Pape François

En Corée, les 14-18 août 2014

 

C’est un cas unique dans l’histoire du catholicisme : l’Eglise n’y est pas née des efforts des missionnaires étrangers, mais a été importée par les Coréens eux-mêmes. Et l’aventure commence dans la seconde moitié du XVIIIème siècle.

La Corée était alors vassale de la Chine. Ce sont des laïcs coréens, intellectuels et fonctionnaires qui découvrirent l’évangile dt Jésus-Christ au XVIIème siècle, en 1610, dans les travaux en mandarin du père jésuite Matteo Ricci (1552-1610). Lettré de la Renaissance italienne, Matteo Ricci fut le premier européen à assimiler la culture chinoise et le précurseur de l’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe. Ces documents bouleversèrent nos coréens. Ils les rapportèrent en Corée en1601 par des membres de la mission chargée de porter le tribut annuel à l’empereur de Chine.

L’un d’eux, Lee Soung-Hoon, se fit baptiser et prit le nom de Pierre. Il retourna en Corée la même année, il y annonça la religion chrétienne à ses amis et à son entourage. La communauté comptait 4000 convertis 10ans plus tard, aux dire d’un chinois qui la rencontra. Aucun prêtre ne pénétra en Corée avant 1794 ! Ce sont des laïcs qui, pendant deux siècles, évangélisèrent la Corée. Alors que le gouvernement coréen ferme hermétiquement toutes les portes sur l’extérieur, de jeunes intellectuels coréens, friands d’idées nouvelles, se passent secrètement des livres chrétiens. Le nombre des convertis continuait alors d’augmenter, bien que la propagation d’une religion étrangère en terre coréenne fût encore contraire à la loi, raison pour laquelle il y eut dès les premières années de cruelles persécutions, en 1791.

Le premier  prêtre coréen, André Kim, formé à Shangai, fut décapité en 1846, à l’âge de 25 ans. On estime qu’au total, entre 1791 et 1864, huit mille convertis furent exécutés en Corée, et 103 d’entre eux ont été canonisés par l’Eglise.  Malgré les persécutions, la communauté catholique de Corée se développa, et 23 000 témoins de la foi donnèrent leur vie au Christ en 1866, car le prince régent était xénophobe. Les persécutions se firent de plus en plus dures et cela jusqu’en 1873.

Des milliers de martyrs catholiques anonymes sont enterrés au site sacré du martyre de Haémi, Séosan. Leurs noms sont inconnus, car il n’y avait pas de dossiers pour eux à Haémi. C’était des gens issus de classes inférieures.

Au XIXème siècle, des missionnaires vinrent enfin renforcer cette Eglise naissante, en particulier des missionnaires venus de France, des prêtres des missions étrangères de Paris qui eurent alors de nombreux martyrs.