Sur Jérémie 23, 9-17.21-29

Du pasteur-roi au Bon Pasteur

Père Salvador Munoz Iglesias

Les mauvais pasteurs et le bon Pasteur, AS 47, p. 34s

 

Pour symboliser  l’exercice du pouvoir sur les peuples, les Anciens recouraient tout naturellement à l’image du pasteur. C’est ainsi qu’on retrouve cette image dans toutes les littératures, depuis Sumer et Akkad jusqu’à l’époque gréco-romaine où l’expression pasteurs des peuples, conservée par Homère, était devenue courante pour désigner les détenteurs du pouvoir politique.

Chez le peuple de la Bible, la figure symbolique du pasteur-chef prend assurément un relief tout particulier en souvenir de la vie pastorale des premiers Patriarches, mais surtout en raison des antécédents pastoraux tant de Moïse, son premier législateur, que de David, le prototype de ses rois, dont descend la dynastie promise à l’apogée avec le Messie attendu. Comme en Egypte où il revenait éminemment à la divinité, ce titre de Pasteur-Chef, suivant la conception théocratique d’Israël, est attribué en propre à Dieu, et en un sens second seulement aux rois et à ceux qu’il mandate pour diriger son peuple.

Dans les deux premiers versets du texte de Jérémie que nous avons entendu, Dieu met en accusation les pasteurs ; c’est-à-dire les rois, de son peuple. Il leur reproche d’avoir laissé périr et se disperser, par leur faute, ceux qu’il nomme avec tendresse les brebis de mon bercail. Aussi Dieu intervient, et c’est la promesse de libération : le troupeau dispersé sera regroupé par la main de Dieu.

Les versets suivants accusent nettement un caractère messianique, lorsqu’il nous relate l’oracle spécial qui concerne, sans recourir explicitement à la figure du pasteur, le futur roi davidique : Voici venir des jours où je susciterai à David un germe juste qui règnera en vrai roi. Ce texte consacre ici le mot germe qui deviendra une désignation claire et concrète du Messie attendu.

C’est le Christ qui réalisera la promesse du Bon Pasteur, de ce germe juste. Maints passages du Nouveau Testament répondent à l’espérance messianique exprimée par les prophètes. Et ce n’est pas sans raison que la lettre aux Hébreux (13,20) célèbre celui qui est devenu par le sang d’une alliance éternelle le grand pasteur des brebis, et que la première lettre de Pierre (2,25) rappelle aux chrétiens Vous étiez égarés comme des brebis, mais à présent vous êtes retournés vers le Pasteur et le gardien de vos âmes.