La mort vaincue

 

Saint Aphraate

Démonstration XXII, De la mort des temps nouveaux, p. 178s

 

L’apôtre dit : La mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même en ceux qui n’ont pas péché, et ainsi elle est passée en tous les hommes. Comment la mort a-t-elle régné depuis Adam jusqu’à Moïse ? Lorsque Dieu a dit à Adam : Le jour où tu mangeras le fruit de l’arbre de la science du bien et du mal, tu mourras de mort. Quand Adam eut transgressé le précepte et eut mangé de cet arbre, la mort régna sur lui et sur tous ses fils. Mais à cause de la prévarication d’Adam, elle régna même sur ceux qui n’avaient pas péché.

Par la suite, la mort est passée dans tous les hommes, elle est passée en tous les hommes de Moïse à la fin des temps. Quand le Très Saint appela Moïse du sein du buisson, il lui dit : Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Entendant cela, la mort fut ébranlée, elle trembla et comprit qu’elle ne règnerait pas à jamais sur les hommes. Envahie par le doute, elle sut que Dieu était le roi des morts et des vivants, et qu’il viendrait un temps où les hommes échapperaient à ses ténèbres et ressusciteraient dans leur corps.

Quand vint Jésus, le Meurtrier de la mort, quand il revêtit un corps de la semence d’Adam, qu’il fut fixé à la croix et qu’il goûta la mort, alors elle comprit qu’il allait descendre chez elle. Elle fut ébranlée et troublée : à la vue de Jésus, elle referma ses portes, refusant de le recevoir. Mais lui, il brisa les portes, entra chez elle et commença à lui arracher tous ceux qu’elle détenait. Les morts, voyant la lumière dans les ténèbres, levèrent la tête hors de leur prison, regardèrent à l’extérieur et virent le Roi Christ. Le Christ signifia à la mort que, quand les temps seraient accomplis, il viendrait pour libérer tous les captifs de son empire, pour les conduire à lui afin qu’ils voient la lumière. C’est pourquoi la mort dut laisser partir Jésus une fois qu’il eut accompli son ministère chez elle ; elle ne put le retenir. Ainsi Jésus mort fut meurtrier de la mort à qui l’on dit désormais : Mort, où donc est ta victoire ?

L’Esprit Saint, dans sa force puissante, précèdera le Christ et se tiendra à la porte des tombeaux ; il attendra le signal. Dès que les anges auront ouvert les portes de la mort, la corne sonnera, les trompettes éclateront. L’Esprit se hâtera alors d’ouvrir les tombeaux, éveillera ceux qui y sont enterrés et les revêtira de sa gloire. L’Esprit demeure dans ceux qu’il ressuscite en même temps qu’au dehors il les enveloppe de sa gloire. L’homme ressuscité, enlevé par l’Esprit, ira au-devant du Roi Christ qui le recevra dans la joie. Le Christ montrera sa bonté à celui qui, sa vie durant, aura gardé l’Esprit-Saint dans un cœur pur. Et ceux qui auront reçu l’Esprit-Saint seront semblables à l’Adam céleste qui est notre Vivificateur, Jésus-Christ.