Sur Isaïe 1, 1-18

Le mystère de l’Avent

 

Saint Bernard

Donner toute notre attention au mystère de l’Avent, SC 480, p. 95s

 

Aujourd’hui, frères, nous célébrons le début de l’Avent. Certes, comme pour les autres solennités, le nom en est souvent cité et bien connu dans le monde, mais peut-être la raison de ce nom ne l’est-elle pas autant. C’est que les malheureux fils d’Adam, négligeant de s’appliquer à ce qui est vrai et salutaire, recherchent surtout les réalités caduques et éphémères.

Mais vous, frères, à qui, comme à des petits enfants, Dieu révèle ce qui demeure caché aux sages et aux savants, appliquez-vous à méditer assidûment ce qu’apporte le véritable salut. Pesez avec soin les modalités de cet Avent, en vous demandant : Qui est Celui qui vient ? D’où vient-il ? Où vient-il ? En vue de quoi ? Quand ? Et par quel chemin ? L’Eglise entière, en effet, ne célèbrerait pas l’Avent avec une telle ferveur, s’il ne lui cachait pas un grand mystère.

Aussi, avec l’Apôtre extasié et émerveillé, regardez, vous aussi la grandeur de Celui qui s’avance. C’est bien Celui qui, au témoignage de Gabriel, est le Fils du Très-Haut, et donc lui aussi le Très-Haut avec le Très-Haut. Car, il n’est pas permis de soupçonner le Fils de Dieu d’être inférieur à son Père, mais on doit le reconnaître d’égale élévation et de dignité absolument identique. Qui ne sait, en effet, que les fils de princes sont princes, eux aussi, et que les fils des rois sont eux-mêmes rois ?

Cependant, pourquoi, des trois personnes que nous croyons, confessons et adorons dans la souveraine Trinité, n’est-ce ni le Père qui vient, ni le Saint-Esprit, mais le Fils ? Je ne peux absolument pas croire que cela soit sans raison. Mais, qui a connu la pensée le Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Car ce n’est pas sans une très profonde intention de la Trinité qu’il a été décidé que ce serait le Fils qui viendrait. Et si nous considérons la raison de notre exil, nous pourrons peut-être saisir, au moins partiellement, quelle convenance il y avait à ce que ce soit spécialement par le Fils que nous soyons libérés.