Sur Isaïe 1, 21-27 . 2,1-5

La paix perpétuelle

 

Saint Jean Chrysostome

Commentaire sur Isaïe, SC 304, p. 115s

 

Des peuples nombreux viendront : Vois, ils forment des chœurs, célèbrent des fêtes, s’encouragent mutuellement et deviennent tous des maîtres ; non pas une nation, ni deux, ni trois, mais toutes se rassemblent. Des peuples nombreux viendront, dit-il, et de différentes contrées. Or cela ne s’est jamais produit chez les Juifs. Si certains sont venus, c’était un petit nombre de prosélytes, et encore avec beaucoup de difficultés, et jamais on ne les a désignés  par le nom de nations, mais par celui de prosélytes : Les prosélytes viendront à toi, et ils seront tes esclaves, lit-on dans le livre d’Isaïe, plus loin dans le texte. Ne sois pas surpris qu’il s’en tienne à la métaphore, en parlant de montagne et de maison du Dieu de Jacob : tantôt le prophète entrouvre, tantôt au contraire il voile la prophétie, d’une part pour fournir aux plus éclairés les moyens de considérer l’ensemble de ce qu’il dit, d’autre part pour contenir l’élan désordonné des gens irréfléchis ; il diversifie de toute manière son discours.

S’il a parlé du Dieu de Jacob, ne t’en trouble pas : c’est en effet le Fils unique de Dieu qui était le Dieu de Jacob. C’est Lui qui a donné la Loi et accompli tous les miracles de leur temps. On recourra pour s’en assurer à l’Ancien Testament lui-même, puisque les Juifs ne tiennent aucun compte du Nouveau. Jérémie déclare : J’établirai pour vous une alliance nouvelle, différente de celle que j’ai établie pour vos pères. Il montrait ainsi qu’il avait posé lui-même les deux Lois. Pour indiquer que c’est Lui aussi qui les a délivrés de l’Egypte, il ajouta : Au jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte. Mais si c’est Lui qui les a fait sortir, c’est Lui aussi qui a accompli en Egypte et dans le désert les prodiges qu’on connaît.

Il nous révèlera sa voie et nous y marcherons. Tu vois qu’ils sont à la recherche d’une loi différente ? L’Ecriture a coutume d’appeler voie les commandements de Dieu. Or, s’il parlait de la première alliance, il n’aurait pas dit : Il nous révèlera, car elle était visible, manifeste, connue de tous. Qu’il n’y ait aucune subtilité mensongère dans ce que nous disons, le texte même suffit pour convaincre les plus impudents : après avoir mentionné la voie, il dit de quelle voie il s’agit et en indique plusieurs traits caractéristiques.