Les Actes des Apôtres 16, 16-40

La patience dans l’adversité

Tertullien

De la patience, Œuvres Complètes, p. 528s

        Comment la patience, en ce qui concerne le corps, contribue à nous mériter l’amitié de Dieu, puisqu’il a donné aussi à nos corps des forces suffisantes pour pratiquer cette vertu. Voyez Paul et Silas dans leurs prisons : enfermés dans le cachot le plus retiré, ils n’arrêtent pas, malgré leurs souffrances, malgré leurs privations, de prier et de chanter les louanges de Dieu. La tribulation de la chair est une hostie qui apaise le Seigneur par le sacrifice de l’humiliation, lorsque, satisfaite d’une nourriture frugale, d’un peu d’eau, elle offre au Seigneur sa pauvreté et son abstinence : elle accumule les jeûnes, elle vit sur le sac et la cendre. Cette patience du corps accrédite nos prières, elle appuie nos demandes, elle ouvre les oreilles de Jésus-Christ notre Dieu ; elle désarme sa sévérité, elle attire sa miséricorde.

          Si nous voulons parcourir les degrés plus éminents et plus heureux de la patience corporelle, nous trouverons qu’elle contribue à la sainteté par la patience de la chair. C’est elle qui contient la veuve, qui marque la vierge de son sceau, qui élève jusqu’au royaume des cieux l’eunuque volontaire. Ce qui vient de la vertu de l’âme s’accomplit dans la chair par la patience de la chair. Enfin elle combat dans les persécutions. Est-il nécessaire de fuir ? La chair lutte contre les périls de la fuite ; sommes-nous jetés dans les cachots ? C’est la chair qui porte les chaînes, la chair qui monte sur le chevalet, la chair qui couche sur la dure, la chair qui languit dans cette pauvreté de la lumière et ce désert du monde. Et quand arrive l’épreuve de la félicité, quand vient l’heure du second baptême, la patience du corps et le premier degré qui nous fait monter vers le ciel. S’il est vrai que l’esprit soit prompt, il est vrai aussi que la chair est faible sans la patience qui est le salut de l’esprit et de la chair elle-même. Mais quand le Seigneur dit de la chair qu’elle est faible, il nous montre ce qui la fortifie, c’est-à-dire la patience qui triomphe de la flagellation, de la prison, des flammes, de la croix, des bêtes féroces, en un mot de tout ce qui est mis en œuvre pour renverser ou châtier la foi : c’est en bravant ces tortures que le prophète et les apôtres ont vaincu.