Jean 15, 1-8

Jésus, la vraie vigne

Saint Augustin

Traité 80 sur l’évangile de saint Jean, OC 10, p. 255s

           Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Il enlève tout rameau qui, uni à moi, ne porte pas de fruit, mais il taille, il purifie chaque rameau qui porte des fruits pour qu’il en porte encore plus. Est- ce donc que le vigneron et la vigne sont une même chose ? Jésus-Christ est la vigne en tant qu’il dit : Mon Père est plus grand que moi ; il est aussi le vigneron au point de vue de la nature divine qui lui fait dire : Mon Père et moi nous sommes un. Il n’est pas vigneron comme ceux qui n’agissent qu’en travaillant au dehors, mais il donne aussi l’accroissement intérieur. Car celui qui plante n’est rien, non plus que celui qui arrose, mais c’est Dieu qui donne l’accroissement. Jésus-Christ est Dieu aussi parce que le Verbe était Dieu ; voilà pourquoi le Père et lui sont un. Si le Verbe s’est fait chair, ce qu’il n’était pas, c’est en demeurant ce qu’il était. Or, après nous avoir représenté son Père comme le vigneron qui retranche les branches infructueuses et qui émonde toutes celles qui portent du fruit afin qu’elles en produisent davantage, il se présente lui-même comme devant émonder les branches. Vous êtes déjà purs à cause de la parole que je vous ai dite. Vous le voyez, il émonde lui-même les branches, ce qui est l’office non de la vigne, mais du vigneron, et c’est lui-même qui choisit, parmi les branches, ses ouvriers. Ils ne donnent point l’accroissement, il est vrai ; cependant ils contribuent en quelque sorte au succès, mais non en vertu de leurs efforts, car sans moi, leur dit-il, vous ne pouvez rien. Dieu donne l’accroissement par lui-même, car cette œuvre dépasse l’humaine faiblesse, elle dépasse même la puissance des anges ; elle ne peut venir que de la Trinité qui est ici le vigneron. Déjà vous êtes purs. Vous êtes purs et vous avez besoin d’être émondés. S’ils n’étaient déjà émondés,, ils ne pourraient porter de fruits ; et cependant le vigneron émonde toute branche qui porte du fruit, afin qu’elle en produise davantage. Elle porte du fruit parce qu’elle est émondée, et on l’émonde afin qu’elle en produise davantage. Car qui peut, dans cette vie, se glorifier d’être si pur qu’il n’ait besoin d’être émondé encore davantage ? Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pont en nous. Mais si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les remettre, et pour nous purifier de toute iniquité. Dieu purifie donc ceux qui sont déjà purs afin que cette pureté plus grande soit aussi la cause d’une plus grande fécondité.