Les Actes des Apôtres 7, 1-16

Le discours d’Etienne

Saint Augustin

Sermon 315, OC 19, p. 41s

        Frères, vous avez écouté les paroles d’Etienne, et votre cœur a joui d’un magnifique spectacle. Le son de ses paroles frappait vos oreilles et vos âmes contemplaient ce spectacle. Vous avez contemplé ce grand combat d’Etienne lapidé par ses bourreaux. Qui était-il ? Il enseignait depuis longtemps la Loi. Quelle Loi ? Celle que les Juifs avaient reçue, gravée sur des tables de pierre. Ils étaient justement devenus eux-mêmes des pierres, et ils lapidèrent l’ami du Christ. Hommes à la tête dure, leur dit-il, incirconcis de cœur et d’oreilles. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Il paraît irrité, son langage est sévère, mais son cœur est plein de douceur. Il criait, mais il aimait. Il les traitait avec rigueur, mais il voulait les sauver. Qui ne le croirait irrité, qui ne le jugerait enflammé d’une haine ardente lorsqu’il disait : Hommes à la tête dure et incirconcis de cœur et d’oreilles ? Cependant, le Seigneur regarda du haut du ciel, et Etienne le vit. Le ciel s’ouvrit, et il vit Jésus qui semblait encourager son athlète. Il se garde bien de taire le spectacle qui s’offre à ses yeux. Voilà, dit-il, que je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme se tenant debout à la droite de la majesté divine. Dès qu’ils l’eurent entendu, comme s’il venait de dire un blasphème, ils se bouchèrent les oreilles, et coururent chercher des pierres. Le psalmiste avait dit : Ils sont semblables à l’aspic qui se rend sourd en se bouchant les oreilles, prophétie qu’ils accomplissent littéralement. Ils commencèrent donc à le lapider. Rappelez-vous la colère apparente d’Etienne contre les Juifs et ses reproches sévères : Hommes à la tête dure, incirconcis de cœur et d’oreilles. Ne semble-t-il pas que ce soit le langage d’un ennemi, et qu’il serait prêt, s’il le pouvait, à les mettre tous à mort ? C’est ce que pensera celui qui ne voit point le fond du cœur. Son cœur demeurait caché, mais il se révèle tout-entier dans les dernières paroles qu’il fait entendre alors qu’on le lapidait : Seigneur, dit-il, reçois mon esprit. C’est pour toi que j’ai vécu, c’est pour toi que je meurs. Seigneur Jésus, reçois mon esprit. C’est grâce à ton secours que celui que tu reçois a remporté la victoire. Reçois mon esprit des mains de ceux qui haïssent le tien. Voilà ce que dit Etienne encore debout.