Les Actes des Apôtres 7, 17-43

L’histoire d’Israël

Père Divo Barsotti

Les Actes des Apôtres, p. 178s

        Il nous faut une clé pour interpréter la Sainte Ecriture, il nous faut un critère exégétique pour y saisir quelque chose. Autrement, comment pourrions-nous entrer dans une histoire si variée, si multiple, si contrastée, y trouver une unité de sens et en connaître la valeur permanente ? Etienne nous donne cette clé, et nous suggère la méthode d’une exégèse qui puisse s’appeler vraiment chrétienne. Une exégèse de la Parole de Dieu ne peut être que chrétienne, parce que la Parole de Dieu est précisément le Verbe de Dieu fait chair. Si je ne vois pas la Parole de Dieu en référence au Christ, comment cette parole peut-elle être Parole de Dieu ? Si cette parole ne prépare pas le Christ, n’est pas ordonnée au Christ Parole Incarnée, cette parole n’est plus qu’une parole simplement humaine, document d’une culture, d’une législation, d’une histoire, d’une littérature, mais non plus parole de Dieu qui s’éclaircit en ce qu’elle fait.

       Que toute la Sainte Ecriture s’ordonne à notre Seigneur, voilà le critère que nous suggère le discours d’Etienne. Il sait que les chefs du sanhédrin connaissent l’histoire d’Israël, et c’est précisément parce qu’ils la connaissent qu’Etienne la répète, qu’il la raconte en l’ordonnant directement à l’évènement ultime : le Juste qui a été condamné et tué par eux. Les dernières paroles d’Etienne sont lumineuses : maintenant il voit clairement ce que voulait dire toute l’histoire d’Israël : c’est un chemin qui ne trouve ni terme, ni repos jusqu’à ce qu’il arrive au Juste en qui les promesses de Dieu s’accomplissent vraiment.

       Le contenu de l’Ancien Testament est l’annonce du Christ à venir, comme si l’Ancien Testament n’avait pas de contenu propre ; la vérité de cette histoire s’est accomplie sous leurs yeux. C’est pourquoi Etienne, après avoir insisté sur l’endurcissement du peuple qui repousse Moïse, le renie, le rejette, peuple que Dieu lui-même abandonne à l’idolâtrie, résume rapidement l’histoire postérieure d’Israël et semble presque voir dans la construction du Temple la continuation de la désobéissance d’Israël dans le désert. Il survole le don de la terre et le règne de David. Le culte du Temple est mentionné, mais il est accusé d’infidélité, plus vigoureusement que chez les prophètes. Etienne reprend la polémique contre le Temple qui, d’après les évangélistes, fut le motif d’accusation contre Jésus. Dans le discours d’Etienne, comme dans les Psaumes, il y a toute l’histoire d’Israël. Dans les psaumes, on parle de rébellion d’Israël contre son Dieu, mais Dieu triomphe toujours de ce cœur dur comme la pierre ; dans le discours d’Etienne, non, l’histoire d’Israël est l’histoire d’un endurcissement progressif qui aboutit à mettre à mort le Juste.