Philippiens 1, 1-11

Serviteur de Jésus-Christ

Saint Jean Chrysostome

Première homélie sur la lettre aux Philippiens, OC 18, p. 442s

        Ecrivant ici comme à des hommes qui l’égalaient en bonheur, Paul ne prend pas son titre de maître, il en prend un autre, et bien grand. Quel est-il ? Il se nomme serviteur et non apôtre. En effet, c’est une haute dignité, c’est le bien par excellence, d’être le serviteur du Christ. Le serviteur du Christ n’est pas l’esclave du péché : serviteur véritable, il ne consentira jamais à devenir l’esclave d’un autre, car alors il ne serait pas le serviteur du Christ, ne l’étant qu’à moitié. Dans sa lettre aux Romains, il dit de lui-même : Paul, serviteur de Jésus-Christ, tandis que, dans celle aux Corinthiens et dans celle de Timothée, il se donne la qualification d’apôtre. D’où vient qu’il agit ainsi ? Ce n’est certes pas qu’il regarde les Philippiens comme meilleur que Timothée ! Loin de nous cette supposition. Disons plutôt qu’il veut leur témoigner le plus grand respecte et la plus vive affection, car de la sorte il atteste surtout leur vertu. Ajoutons qu’en écrivant aux autres, il avait bien des choses à constituer, et que dès lors il était naturel qu’il invoquât sa mission apostolique. Il ne mande rien ici qui ne soit déjà sous leurs yeux. Aux saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes. Comme il est à croire que les Juifs se donnaient également le titre de saints, sur la foi de cette première révélation qui les déclare un peuple saint, le peuple même de Dieu. C’est pour cela qu’il emploie cette expression : Aux saints en Jésus-Christ. Voilà les vrais saints, les autres désormais sont dans un état profane.

              Paul poursuit : J’ai confiance que celui qui a commencé la bonne œuvre en vous la perfectionnera jusqu’au jour de Jésus-Christ. Voyez comme Paul leur enseigne aussi la modestie. Venant de leur rendre un magnifique témoignage, il craint qu’ils n’en conçoivent quelque sentiment d’orgueil su naturel à l’homme. Aussi s’empresse-t-il de leur apprendre à rapporter au Christ  les œuvres passées et les œuvre s futures. Comment ? Au lieu de leur dire : J’ai confiance que vous perfectionnerez en vous ce que vous avez commencé, il leur dit : Celui qui a commencé la bonne œuvre en vous, le perfectionnera, j’en ai l’espérance. Il ne les tient pas pour étrangers à cette bonne œuvre, lui qui vient de déclarer qu’il se réjouit de leurs dons, ce qui prouve certes qu’ils ont bien agi. Mais sans nier leur concours, il fait remonter à Dieu le principe de tout bien ; c’est de Dieu qu’il parle quand il dit : J’ai confiance que celui qui a commencé la bonne œuvre en vous, la perfectionnera jusqu’au jour de Jésus-Christ. Et cette confiance ne se borne pas à vous seuls, elle s’étend à tous ceux qui viendront de vous. Et ce n’est pas un petit éloge que de dire à quelqu’un que Dieu travaille en lui !