Marc 14, 12-16-22-26

La communion au Corps du Christ

Saint Jean Chrysostome

Homélie 24 sur les deux lettres aux Corinthiens, OC 17, p. 19s

       Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au Corps du Christ ? Pourquoi l’Apôtre n’a-t-il pas dit « participation au Corps du Christ » ? Parce qu’il a voulu signifier quelque chose de plus et indiquer une grande conjonction. Nous ne participons pas et nous ne prenons pas seulement, mais c’est en étant joints que nous communions. De même en effet que ce corps est joint au Christ, de même nous aussi par ce pain nous sommes unis à Lui.

       Pourquoi donc a-t-il ajouté : que nous rompons ? Nous voyons que cela s’opère pour l’Eucharistie ; il n’en va pas de même pour la croix. Bien au contraire, il est dit : Pas un de ses os ne sera brisé. Mais ce que le Christ n’a pas souffert sur la croix, il le souffre à l’autel à cause de vous ; il se laisse diviser afin de se donner à tous.

       La communion au corps, ce qu’il communique est étranger à celui qui communie : mais cette différence, si petite qu’elle parût, est complètement enlevée. Après ces paroles, voici que l’Apôtre ajoute : Nous ne sommes tous ensemble qu’un seul pain et un seul corps. Que parlé-je de communion ? Nous sommes ce corps lui-même. Qu’est-ce que ce pain ? Le corps du Christ. Que deviennent ceux qui communient ? Le corps du Christ. Ils ne sont pas plusieurs corps, mais un seul. Combien de grains de froment entrent dans la composition du pain ? Mais ces grains, qui les voit ? Ils sont bien dans le pain qu’ils ont formé, mais rien ne les distingue les uns des autres, tant ils sont unis. Ainsi sommes-nous unis les uns avec les autres, et avec le Christ. Celui-ci ne se nourrit pas d’un corps, et celui-là d’un autre : nous nous nourrissons tous du même corps, et c’est pourquoi l’Apôtre ajoute : Parce que nous participons tous au même pain. Si nous participons au même pain, si nous devenons un même corps, pourquoi ne pas avoir la même charité, et ne pas nous unir par ce lien puissant ? Relisez l’histoire de nos ancêtres dans la foi, vous trouverez ce prodige vivant : La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme. Que sont devenus ces beaux exemples ?