Galates 1,13 – 2,10

La guérison contagieuse de Paul

Saint Augustin

Sermon 175, Première série, OC 17, p. 611s

        Saul, devenu Paul, aime raconter sa conversion, se félicite d’avoir obtenu la miséricorde divine, pare qu’il a été le premier, c’est-à-dire le plus grand des pécheurs : Vous avez entendu parler de mon comportement naguère, avec quelle frénésie je persécutais l’Eglise de Dieu ! Mais, poursuit-il J’ai reçu miséricorde afin que je sois le premier en qui Jésus-Christ fit éclater toute sa patience, et que je serve d’exemple à ceux qui croiront en lui pour la vie éternelle. En entendant ces paroles, tous ne doivent-ils pas dire : si Paul a été guéri comment pourrais-je ne pas espérer ma guérison ? Si ce malade, dont l’état était désespéré, a été guéri par ce puissant médecin, pourquoi ne lui laisserais-je point panser mes blessures ? Pourquoi ne pas m’empresser de me remettre entre ses mains divines ? C’est pour inspirer aux pécheurs ces sentiments que Saul, de persécuteur, est devenu apôtre. Quand un médecin arrive dans un pays, il cherche, pour le guérir, un malade dont l’état soit désespéré ; fût-il dans la dernière indigence, il lui suffit que sa maladie n’offre plus d’espoir. Ce n’est point la récompense qu’il a en vue, il veut donner une preuve éclatante de son habileté. Je reviens donc à la pensée que je vous avais indiquée : Saul se félicite  d’avoir été choisi et guéri par le Christ, parce qu’il était pécheur. Et il ne dit point : je demeurerai dans mon péché puisque c’est pour moi que Jésus-Christ est venu, et non pour les justes. Vous donc qui avez appris que Jésus-Christ est venu sauver les pécheurs, gardez-vous de vous endormir dans une douce et funeste indolence. Ecoutez Paul lui-même vous dire : Levez-vous, vous qui dormez, sortez d’entre les morts, et Jésus-Christ vous éclairera. N’aimez pas à reposer sur cette couche du péché. Levez-vous, hâtez-vous d’obtenir votre guérison, aimez la santé, et prenez garde que l’orgueil ne vous fasse à nouveau passer de la droite à la gauche, de la vallée à la montagne, de l’humilité à une arrogante présomption. Lorsque vous serez guéri, c’est-à-dire lorsque vous commencerez à vivre selon la justice, renvoyez-en toute la gloire à Dieu, et non à vous-même.