Galates 4,8 – 5,1

Une figure des deux Cités

Saint Augustin

La Cité de Dieu, XV 2, OC 24, p. 243s

       Nous venons d’entendre l’apôtre Paul nous dire : Quant à nous, frères, nous sommes les enfants, non pas de l’esclave, mais de la femme libre, et c’est pour nous assurer cette liberté que le Christ nous a affranchis. Une telle explication, sortie de la bouche autorisée de l’Apôtre, nous livre le sens des Ecritures, et nous apprend quelle interprétation nous devons donner aux deux Testaments, l’Ancien et le Nouveau. Une partie de la Cité terrestre est l’image de la Cité céleste ; elle ne se figure pas elle-même, mais elle en figure une autre, aussi est-elle esclave, car elle n’a pas été instituée pour elle-même, mais pour une autre qu’elle annonce. Annoncée d’avance, elle figure d’avance celle dont elle est la première ébauche. En effet, Agar, esclave de Sara, et son fils, sont comme une image de cette image. Et parce que les ombres devaient s’enfuir à l’approche de la lumière, Sara, la femme libre, figure de la Cité libre et dont l’ombre servait aussi à la figurer d’une autre manière, Sara s’écrie : « Chassez l’esclave et son fils, car le fils de l’esclave ne sera pas héritier avec mon fils Isaac, ou comme le dit l’Apôtre, avec la femme libre. Nous trouvons donc deux figures dans la Cité terrestre, l’une qui révèle sa propre présence, et l’autre qui sert, par sa présence même, de signe à la Cité céleste. La nature viciée par le péché enfante les citoyens de la Cité de la terre et la grâce qui délivre la nature du péché, enfante les citoyens du ciel : d’où il suit que ceux-là sont appelés vase de la colère, et ceux-ci vase de miséricorde.

C’est ce que figurent aussi les deux enfants d’Abraham : l’un, Ismaël, enfant de l’esclave Agar, est né selon la chair, l’autre, Isaac, enfant de Sara, la femme libre, est né en vertu de la promesse. Tous deux, il est vrai, ont pour père Abraham, mais l’un est engendré selon la coutume qui prouve l’action de la nature, l’autre est donné en vertu de la promesse qui est le signe de la grâce. Là se manifeste l’action ordinaire de l’homme, ici se révèle un bienfait divin.