Galates 3,15 – 4,7

Dignité de la femme et virginité

Père Xavier Léon-Dufour

Vocabulaire de Théologie Biblique, p. 438s

       La vraie situation de la femme n’est révélée, dans la Bible, qu’avec la venue du Christ ; car si, selon l’ordre de la création, la femme s’accomplit en devenant  épouse et mère, elle peut aussi s’accomplir dans l’ordre de la création nouvelle par la virginité. Seul le Christ consacre la dignité de la femme.

       Cette consécration eut lieu au jour de l’Annonciation : le Seigneur voulut naître d’une femme. Marie, vierge et mère, accomplit en elle le vœu féminin de la fécondité ; en même temps, elle révèle et consacre le désir jusqu’alors refoulé de la virginité assimilée à une honteuse stérilité. En Marie, s’incarne l’idéal de la femme, car elle a donné naissance au Prince de la vie. Mais tandis que la femme d’ici-bas risque de borner son admiration à la vie corporelle qu’elle a donnée au plus beau des enfants des hommes, Jésus a révélé qu’il y a une maternité spirituelle, fruit porté par la virginité de la foi. A travers Marie, la femme peut devenir symbole de l’âme croyante. On comprend dès lors que Jésus accepte de se laisser suivre par de saintes femmes, de prendre pour exemple des vierges fidèles ou de confier à des femmes une mission. Ainsi, l’Eglise naissante signale la place et le rôle jouée par de nombreuses femmes, désormais appelées à collaborer à l’œuvre de l’Eglise.

       Cette participation suppose que soit découverte une nouvelle dimension de la femme : la virginité. Paul a ainsi élaboré une théologie de la femme, montrant en quel sens la division des sexes est dépassée et consacrée. Il n’y a plus ni homme, ni femme : vous êtes tous un dans le Christ. En un certain sens, la distinction des sexes est surmontée, comme les divisions d’ordre racial ou social. L’existence céleste peut être anticipée, cette vie angélique dont parle Jésus ; mais la foi seule peut la justifier. Si Paul maintient sagement qu’il vaut mieux se marier que de brûler, il exalte le charisme de la virginité ; il ose même contredire la Genèse qui disait : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; tous, filles et garçons, peuvent, s’ils sont appelés, demeurer vierges. Ainsi une nouvelle distinction, entre mariés et vierges, s’ajoute à la première entre homme et femme. La foi et la vie céleste trouvent dans la virginité vécue un type concret d’existence où l’âme s’attache sans tiraillement à son Seigneur. Pour accomplir sa vocation, la femme ne doit pas nécessairement devenir épouse et mère, elle peut rester vierge de cœur et de corps.

       Cet idéal de la virginité que la femme peut fixer et réaliser ne supprime pas la condition normale du mariage. Désormais, le rapport homme/femme est fondé sur le rapport Christ/Eglise. C’est du Christ et non simplement d’Adam, que la femme est le vis-à-vis : alors elle représente l’Eglise.