Marc 6, 1-6

L’incrédulité devant la puissance de Jésus

Origène

Commentaire sur l’évangile selon Matthieu, SC 162, p. 229s

             Là, il ne pouvait accomplir aucun miracle, à cause de leur incrédulité. Ces mots nous enseignent que les miracles se produisaient au milieu des croyants, car à celui qui a, on donnera, et il surabondera, alors que, parmi les incrédules, les miracles non seulement n’agissaient pas, mais comme Marc l’a écrit, ne pouvaient même pas agir. Fais attention à ces mots : Jésus ne put faire là aucun miracle. De fait, il n’a pas dit : Il ne voulut pas…, mais il ne put…, parce que survient, sur le miracle en train d’agir, une collaboration efficace venue de la foi de celui qui agit sur le miracle et que l’incrédulité empêche cette action. Aussi, remarque-le, à ceux qui ont dit : Pour quelles raisons n’avons-nous pu le chasser ?, il a répondu : A cause de votre peu de foi, et à Pierre qui commençait à couler il a été dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu doué ? Au contraire, l’hémorroïsse, sans avoir demandé sa guérison, se disait simplement que si elle touchait la frange de son manteau, elle serait guérie, et elle le fit sur le champ ; le Sauveur reconnaît ce mode de guérison quand il lui dit : Qui m’a touché ?, car il a reconnu qu’une puissance était sortie de lui. De même quand il s’agit des corps, certains exercent une attraction naturelle sur d’autres, comme la pierre aimantée sur le fer, et ce que l’on appelle le naphte sur le feu, de même une telle foi attire le miracle divin. C’est pourquoi, il a été dit : Si vous avez une foi comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : Déplace-toi d’ici pour aller là-bas, elle se déplacera. Mais Matthieu et Marc, me semble-t-il, ont voulu nettement établir la supériorité de la puissance divine, capable d’agir même au milieu de l’incrédulité, sans pour autant avoir la même puissance que devant la foi de ceux qui bénéficient du miracle, quand l’évangéliste Matthieu a dit non pas que le Seigneur ne fit pas de miracle à cause de leur incrédulité, mais que là il ne fit pas beaucoup de miracles, alors que Marc quand il dit : Il ne put faire à cet endroit aucun miracle, ne s’en est pas tenu là, mais a ajouté : Si ce n’est qu’il imposa les mains à quelques malades et les guérit, car la puissance qui est en lui triomphe de l’incrédulité même dans ces conditions.