Jean 20, 24-29

Témoin de la résurrection du Seigneur

Saint Grégoire le Grand

Homélies sur l’Evangile, livre 2, SC 522, p. 149s

       Seul Thomas était absent. Quand il revint, il apprit ce qui s’était passé et refusa de croire ce qu’il apprenait. Le Seigneur vint à nouveau et présenta au disciple incrédule son côté à toucher ; il lui montra ses mains, et, en lui montrant les cicatrices de ses blessures, il guérit la blessure de son incrédulité. Que remarquez-vous, frères, dans tout cela ? Croyez-vous que c’est par hasard que ce disciple choisi ait été absent, ait appris ensuite ce qui s’est passé, en l’apprenant ait douté, en doutant ait touché, en touchant ait cru ? Non, ce n’est pas par hasard, mais par un dessein divin que cela s’est passé. La clémence divine a fait d’une façon merveilleuse qu’en touchant sur son maître les blessures du corps, le disciple qui doutait guérisse en nous les blessures de l’incrédulité. Plus que la foi des disciples qui ont cru, l’incrédulité de Thomas a été profitable à notre foi ; car, tandis qu’il est ramené à la foi par ce toucher, notre âme à nous, rejetant toute incertitude, est fortifiée dans la foi. Ainsi le Seigneur a-t-il permis le doute de son disciple après sa résurrection, mais ne l’a pas abandonné au doute, de même qu’avant sa naissance, il a voulu que Marie ait un époux, qui pourtant n’est pas allé jusqu’à l’union matrimoniale. Ainsi, ce disciple qui doutait, et toucha, est devenu témoin de la bien réelle résurrection du Seigneur, comme l’époux de sa mère avait été le gardien de sa parfaite virginité.

       Thomas palpa et s’écria : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu crois. Comme l’apôtre Paul dit que la foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités que l’on ne peut voir. Car celles qui sont visibles ne requièrent pas la foi, mais la connaissance. Thomas a vu et palpé. Pourquoi Jésus lui dit-il : Parce que tu m’as vu tu as cru ? Mais autre est ce qu’il a vu, autre ce qu’il a cru. En effet, la divinité n’a pas pu être vue par un homme mortel. Donc, il a vu l’homme et il a confessé Dieu en disant : Mon Seigneur et mon Dieu ! C’est donc en voyant qu’il a cru, c’est en considérant l’homme véritable qu’il a proclamé ce Dieu qu’il ne pouvait voir.