Néhémie 5, 1-19

La redécouverte d’un Dieu de tendresse

Père Joseph Auneau

Les psaumes et les autres écrits, p. 247 et 251

       Les prophètes avaient annoncé, avec le châtiment de l’ensemble du peuple, le salut d’un reste, souche qui permettrait à Israël de renaître. Jérémie voyait dans les déportés de Babylone les porteurs de cette espérance. Les rapatriés ont dû compter avec les Judéens restés au pays, au yahvisme jugé suspect. Leur rôle premier dans l’œuvre de la restauration est illustré par l’exemple d’Esdras dont l’action s’exerce principalement au sein de la communauté des « fils de l’exil ». De Suze, Néhémie s’inquiète du sort de « ceux qui sont restés de la captivité ».

       La participation au Peuple de Dieu rénové suppose une rupture claire avec les gens du pays. La « race sainte » s’est mélangée à eux (Esdras 9,2). Peuvent manger la Pâque ceux qui sont revenus d’exil et ceux qui ont rompu avec l’impureté des peuples du pays (Esdras 6,21). L’appartenance au peuple n’agit pas automatiquement en dehors d’un choix délibéré et total pour le Dieu d’Israël : elle implique une qualité de vie. La rénovation du Peuple nécessite un engagement ferme envers Dieu. Les prières font appel à l’Alliance passée. Le terme berît, souvent traduit par Alliance, désigne l’engagement solennel de l’assemblée (Néhémie 5,12). En Néhémie 10,1, c’est la racine amen, passée dans la liturgie chrétienne, évoquant la solidité, la fermeté, qui est utilisée.

       La restauration offre la chance d’une découverte renouvelée de Dieu, non pas de façon théorique, mais dans la relecture  de ses interventions dans l’histoire. Les livres d’Esdras et de Néhémie témoignent de la foi d’un Peuple qui, malgré ses dimensions restreintes et sa situation précaire, proclame et la souveraineté de Dieu sur le monde et sur l’histoire, ainsi que son lien privilégié à Israël.

       L’Exil et la Restauration ont livré des aspects de la conduite de Dieu à la fois déconcertants et réconfortants. En reconnaissant mieux sa faiblesse et son péché, la communauté est entrée plus avant dans l’intelligence du Mystère de Dieu qui se révèle juste en pardonnant et en sauvant.