Isaïe 59, 1-14

Revenez à Dieu de tout votre cœur

Saint Augustin

Traité de la conduite chrétienne, OC 23, p. 188s

             Le prophète Isaïe s’écrie : La main du Seigneur n’est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Vos iniquités ont creusé un abîme entre vous et Dieu. Vos péchés ont fait qu’il voile sa face pour ne pas vous entendre. Pour que ces menaces ne viennent pas à tomber sur vous, gardez ce qui vous est commandé, accomplissez les ordres de Dieu, afin que viviez, que vous soyez bénis et qu’aucun malheur en vous arrive. Voilà les paroles de consolation que le Seigneur vous adresse : S’ils font pénitence de leurs péchés, je me repentirai aussi moi-même du mal que je m’étais résolu de leur faire, et je ne le ferai point. Oh ! Mes frères gardez fidèlement ces préceptes dans votre mémoire, instruisez-en vos enfants et vos voisins. Rappelez-vous-les lorsque vous restez dans vos maisons, ou quand vous êtes en voyage ; ne les oubliez pas lorsque vous serez dans la prospérité. Ayez toujours la crainte de Dieu, ne servez que lui seul, de peur que sa fureur ne s’allume contre vous. Sachez que lui, il est fidèle à ses promesses, qu’il fait miséricorde à ceux qui l’aiment et qui gardent ses préceptes, et qu’il éloigne d’eux tous les malheurs qui voudraient les atteindre.

       Dieu ne méprise jamais la pénitence qui lui est offerte avec sincérité et simplicité ; il accueille, reçoit de bon cœur et embrasse le pécheur ; il fait tout pour le rétablir dans son état premier et ce qui est encore plus beau et plus remarquable, c’est que, quelqu’un n’eût-il pu s’acquitter complètement de la satisfaction qu’il devait, si petite que soit sa pénitence et quelque courte soit-elle, Dieu ne la dédaigne cependant pas, il l’agrée et ne veut pas que la moindre conversion soit privée de sa récompense. C’est ce que me semble indiquer Isaïe, quand, au sujet du peuple juif, il s’exprime ainsi : A cause de votre péché, un court instant je vous ai légèrement affligé, je vous ai délaissé, mais ému d’une immense pitié, je vous rassemblerai ; dans un débordement de fureur, un instant, je vous ai caché ma face, mais dans un amour éternel, j’ai eu pitié de vous.