Matthieu 17, 1-9

Pierre et la foi de l’Eglise

Jean II de Jérusalem

Joie de la Transfiguration, Homélie pour la Transfiguration, p. 70s

              Pierre, chef des apôtres, le roc et la fermeté, dit : Seigneur, il est heureux que nous soyons ici. Certes il est bon d’être là où s’apprend la science de Dieu, où se voit la lumière de la divinité et se désigne le Royaume des cieux. Ensuite, il dit : Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie.

       Pierre ignorait ce qu’il disait, mais il n’ignorait pas ce qu’il pensait : une pour toi comme au Dieu et Père, toi qui es image et splendeur du Père, comme tu le dis : Qui me voit, voit le Père. Une pour Moïse, pour toi Fils unique qui a revêtu sa ressemblance par l’inhumanation, la législation et la mort. Une pour Elie, comme pour le Saint Esprit, qui par le char de feu, l’ascension et la forme de l’immortalité t’es formé une ressemblance dans le trésor de la vie. C‘est par ces trois personnes qu’il édifiait le tabernacle perceptible qui est l’Eglise apostolique, catholique, dans laquelle est proclamée la Trinité, et bien qu’elle dise les trois, cependant la nuée révèle l’unité elle-même, l’Eglise de la vérité.

       Pierre n’ignorait pas ce mystère, tout comme ce n’est pas la sagesse humaine qui lui a enseigné de dire : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant !, mais le Père céleste, comme le Seigneur lui-même l’a témoigné, ce pour quoi il a également reçu les clefs du Royaume.

       Et comme elle est l’image, l’Eglise est la porte du Royaume céleste, comme le dit le patriarche Jacob : Qu’il est terrible ce lieu : il n’est autre que la maison de Dieu et la porte du ciel ! Car par le placement de la pierre, il signifiait la fondation de l’Eglise, par son érection et son onction il montrait la gloire de l’édification, ce pour quoi il l’appela Béthel, qui se traduit : Maison de Dieu.

       C’est pourquoi l’apôtre proclame la vision de la divine gloire et dit : Nous n’avons pas suivi de savantes spéculations et nous vous avons communiqué la force et l’avènement de Jésus-Christ Notre Seigneur, car nous-mêmes avons vu sa gloire, car il a reçu, du Dieu et Père, l’honneur et la gloire, la voix qui lui advint comme d’une telle gloire resplendissante : Celui-ci est mon Fils, mon Bien-Aimé. Cette voix, nous l’avons entendue, descendant du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte.