Siracide 26, 1-4 + 9-18

La conscience d’une mission

Jean-Paul II

Lettre Apostolique « Mulieris Dignitatem, n° 30, p. 112s

 

       La dignité de la femme est intimement liée à l’amour qu’elle reçoit en raison même de sa féminité et à l’amour qu’elle donne à son tour. La vérité sur la personne et sur l’amour se trouve ainsi confirmée. Au sujet de la vérité de la personne, il faut recourir au concile Vatican II : L’homme, seule créature sur terre que Dieu ait voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même. Cela concerne tout être humain en tant que personne créée à l’image de Dieu, qu’il soit un homme ou une femme. La femme ne peut se trouver elle-même si ce n’est en donnant son amour aux autres

       Dès le commencement, la femme, comme l’homme, a été créée par Dieu et placée par lui précisément dans cet ordre de l’amour. Le péché des origines n’a pas détruit cet ordre, il ne l’a pas supprimé.  Cette femme, qui en arrive à être un paradigme biblique, se trouve également dans la perspective eschatologique du monde et de l’homme : c’est une femme enveloppée de soleil, la lune sous ses pieds et des étoiles couronnent sa tête. On peut dire : une femme à la mesure du cosmos, à la mesure de toute l’œuvre de la création. En même temps, elle souffre dans les douleurs et le travail de l’enfantement, comme Eve, la mère de tous les vivants. Elle souffre aussi parce que, devant la femme dans le travail de l’enfantement, se place l’énorme Dragon, l’antique Serpent, le Malin, père du mensonge et du péché. Et voici que l’antique Serpent veut dévorer  l’enfant. Si nous voyons dans ce texte un reflet de l’Evangile de l’enfance, nous pouvons penser que, dans le paradigme biblique de la femme, s’inscrit dès le commencement et jusqu’au terme de l’histoire, la lutte contre le mal et contre le Malin. C’est la lutte pour l’homme, pour son véritable bien, pour son salut. La Bible ne veut-elle pas nous dire que précisément dans la femme, Eve-Marie, l’histoire connaît une lutte dramatique pour tout être humain, la lutte pour le oui ou le non fondamental qu’il dit à Dieu et à son dessein éternel sur l’homme ?