Marc 10, 35-45

La demande de Jacques et Jean

Saint Augustin

Sermons, 1ère série, sermon 160, OC 17, p. 504s

 

       Vous avez entendu dans l’Evangile la demande des enfants de Zébédée, Jacques et Jean. Ils ambitionnaient la grandeur, et demandaient à Jésus que l’un d’eux fut assis à la droite et l’autre à la gauche de cet auguste Père de famille. Il faut l’avouer : leurs prétentions étaient élevées ; ils voulaient monter bien haut, mais comme ils ne pensaient point aux moyens d’y parvenir, Notre Seigneur les rappelle, du terme où ils voulaient arriver, au chemin qui devait les y conduire.

Que répond-il, en effet, à leur demande si ambitieuse ? Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? Quelle est cette coupe, sinon la coupe des humiliations, la coupe de sa passion ? Cette coupe qu’il allait boire, lorsque, personnifiant en lui notre faiblesse, il dit à son Père : Mon Père, que cette coupe, s’il est possible, s’éloigne de moi. Jésus personnifie également en lui ces disciples qui refusaient de boire cette coupe, qui ambitionnaient la grandeur, sans s’occuper de prendre, pour y arriver, le chemin de l’humilité.

Jésus leur dit : Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ?

Frères, vous cherchez le Christ dans sa gloire, revenez au Christ crucifié. Vous voulez régner et vous asseoir avec Jésus-Christ sur son trône glorieux, apprenez d’abord à dire à la suite de l’apôtre Paul : A Dieu ne plaise que je me glorifie sinon dans la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ ! Voilà la doctrine chrétienne : elle nous fait un précepte de l’humilité et nous défend de nous glorifier, sinon dans la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il n’y a pas grand mérite à se glorifier dans la sagesse de Jésus-Christ ; ce qui est vraiment grand, c’est de se glorifier dans la croix de Jésus-Christ, c’est que l’homme pieux se glorifie de ce qu’outrage l’impie, c’est que le chrétien mette sa gloire dans ce que le superbe ne cesse d’insulter. Gardez-vous de rougir de la croix de Jésus-Christ : c’est pour vous sauver de cette fausse honte qu’elle a été imprimée sur votre front comme sur le siège de la pudeur. Rappelez-vous le signe gravé sur votre front depuis votre baptême, et vous ne redouterez pas les coups des langues ennemies.