Siracide 51, 1-12

L’action de grâces, attitude permanente

Père Ceslas Spicq

Vie morale et Trinité sainte selon saint Paul, p. 30s

 

       La réaction fondamentale du croyant en face des initiatives de la charité divine est évidemment celle de la gratitude. La reconnaissance, selon saint Paul, n’est pas un quelconque sentiment intérieur, ni même une forme privilégiée de prière : l’action de grâces, c’est l’attitude permanente d’une créature pécheresse, miséricordieusement sauvée, qui se sait l’objet de l’amour infini, qui dépend de lui, qui l’accepte et qui le chante. Le Père a tout donné, les fils doivent tout rendre dans un culte fervent de louange. Aimer Dieu n’est pas autre chose qu’adhérer à lui de tout son être, par gratitude pour tout ce dont il nous a comblés. Ce qu’il y a de plus vif, de plus poignant dans ce sentiment de tout ce dont il nous a aimés et comblés, le chrétien le transporte sans mesure dans ses rapports avec Dieu. Sa charité est un merci perpétuel et chantant à la Trinité sainte : Grâces soient rendues à Dieu pour son don inexprimable !

Il s’agit d’une disposition d’âme si religieuse et si profonde qu’elle ne peut pas ne pas prendre la forme d’un culte, d’une louange et d’un sacrifice. Quoi que ce soit que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père. Dieu fait miséricorde à tous. Il donne sa grâce ; il prodigue son amour. Quelle sera la réponse des hommes à cette initiative de la charité divine ? L’Apôtre l’expose en présentant les vertus à pratiquer : obéissance, humilité, charité,… comme autant de formes de notre reconnaissance envers Dieu, sous le mode d’une consécration et d’une offrande d’action de grâces : Je vous prie donc, frères, par la miséricorde de Dieu, d’offrir vos corps comme une hostie vivante, sainte, agréable à Dieu. C’est là le culte logique que vous lui devez. C’est la réponse obligée aux prévenances divines, un culte conscient de ses motifs. Il impose inéluctablement dès là qu’on a pris conscience de l’octroi gratuit du salut. La seule façon convenable de vivre est désormais de se livrer corps et âme, de se sacrifier à la louange et à la gloire de Dieu. Tout, venant de Dieu et de sa grâce, doit faire retour à Dieu sous forme de reconnaissance et d’acclamation. De même qu’il y a de l’ingratitude en tout péché, il y a de la gratitude en tout acte de vertu ; la fidélité à la volonté divine n’est pas autre chose qu’une longue expression de reconnaissance. On use de la grâce selon la fin même que Dieu lui assigne. On se sert des dons divins conformément à l’intention de leur auteur et qui ne peut être finalement que la gloire même de Dieu.