2 Maccabées 12, 32-45

La foi en la résurrection dans l’Ancien Testament

Frère Chr. Larcher

La résurrection dans l’Ancien Testament, Lumière et Vie, 1952, n° 3, p. 22s

 

        Le second livre des Maccabées, écrit alexandrin, qui reste en étroite continuité avec le judaïsme palestinien, mentionne souvent la croyance à la résurrection des corps. Martyrisés tour à tour, les sept frères Maccabées rappellent que le roi du monde les ressuscitera pour une vie éternelle, qu’ils espèrent recouvrer de nouveau leurs membres torturés. Le quatrième frère, sur le point d’expirer, déclare à Antiochos IV : Mieux vaut mourir de la main des hommes en tenant de Dieu l’espoir d’être ressuscités par Lui, car pour toi il n’y aura pas de résurrection à la vie. Judas Maccabée, lui, avait fait offrir un sacrifice expiatoire pour une faute commise par certains des siens tombés au combat : Il agit fort bien et noblement dans la pensée de la résurrection : il espérait que les soldats tombés ressusciteraient, une belle récompense étant réservée à ceux qui s’endorment dans la piété.

       Dans tous ces textes, l’espérance en la résurrection s’affirme à propos de vies sacrifiées en témoignage de leur foi, même si certains sont morts en portant la peine d’une faute. Pourtant les fidèles ordinaires ne sont pas exclus par le fait même : cette récompense est assurée à tous ceux qui s’endorment dans la piété. Il faut tenir aussi compte de la situation concrète : l’auteur oppose le sort différent qui attend persécutés et persécuteurs, sans chercher à aborder une vue générale de la résurrection. Etend-il cette résurrection aux impies ? Sa pensée sur ce point ne se laisse pas préciser. Parce qu’il envisage la récompense glorieuse réservée aux martyrs, il déclare que leurs bourreaux ne ressusciteront pas pour la vie. Il ne nie donc pas formellement la résurrection des impies ; pourtant ses paroles vont dans un sens opposé à l’affirmation de Daniel : Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l’horreur éternelle. Le livre ne précise pas non plus quand se produira la résurrection. L’expression au temps de la miséricorde reste vague. L’idée d’une vie bienheureuse qui suit immédiatement la mort et aboutira à la résurrection semble supposée : Quant à nos frères, après avoir supporté une douleur passagère, ils boivent à la vie qui ne tarit pas.

       Cette doctrine de la résurrection n’a pas obtenu une adhésion unanime en milieu juif. Elle ne trouve écho que dans quelques-uns des écrits apocryphes. L’on sait qu’à l’époque du Christ, les Sadducéens la rejetaient énergiquement, tandis que les pharisiens avaient pris parti pour elle, mais n’admettaient qu’une résurrection des justes. Ces divergences d’attitude au sein du judaïsme officiel, les incertitudes et les réserves relevées sont bien la marque d’une croyance qui a gardé jusqu’au Christ son mystère et son caractère déconcertant.