1 Maccabées 9, 1-22

Marie, Mère des hommes

Saint Bernard

A la louange de la Vierge Marie, SC 390, Homélie II-3, p. 135s

       Adam, notre père, réjouis-toi ; et plus encore toi, Eve, notre mère, sois dans l’allégresse. Parents de tous les hommes, vous avez été leurs assassins à tous, et, pire encore, assassins avant même d’être parents. Oui, consolez-vous, tous les deux, à cause votre fille, et d’une telle fille ! Mais toi, surtout, par qui le mal est venu en premier, toi dont la honte a rejailli sur toutes les femmes. Car voici venu le temps où ta honte va être abolie, où l’homme n’aura plus rien à alléguer contre la femme, lui qui, s’efforçant follement de s’excuser, n’a pas à l’accuser cruellement en disant : La femme que tu m’as donnée m’a offert du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. Ce sont là méchantes paroles qui ne font qu’augmenter ta faute au lieu de l’effacer. Pourtant la sagesse l’a emporté sur la malice : ce motif, pour te pardonner que Dieu, en t’interrogeant, essaya d’obtenir de toi en vain, il l’a trouvé dans le trésor de son inépuisable bonté. En effet, il t’a rendu femme pour femme, la femme sage pour la femme insensée, l’humble pour l’orgueilleuse, celle qui t’offrira le goût de la vie au lieu de l’arbre de la mort, qui t’apportera la douceur du fruit éternel au lieu de cette nourriture empoisonnée. Change donc les mots de ta méchante excuse en paroles d’actions de grâces, et dit : Seigneur la femme que tu m’as donnée m’a offert le Fruit de la Vie et j’en ai mangé. Il est devenu plus doux que le miel à ma bouche parce qu’en lui, tu m’as rendu la vie. Car voici pourquoi l’Ange a été envoyé à la Vierge. Ô Vierge admirable, infiniment digne de tout honneur ! Ô la Femme qu’il faut révérer singulièrement, admirer plus que toutes les femmes : elle a réparé le mal de ses premiers parents, et a donné la vie à ses descendants.

       Il dit : L’Ange Gabriel fut envoyé à la Vierge : vierge de corps, vierge d’esprit, vierge par vœu ; une vierge enfin telle que l’Apôtre la décrit : sainte d’esprit et de corps. Elle n’a pas été découverte tout à coup, ni par hasard, mais choisie de toute éternité, connue par avance du Très-Haut et préparée pour lui, gardée par les anges, désignée d’avance par les Patriarches, promise par les prophètes. Scrute les Ecritures, et constate ce que je dis.