Actes 6,8 – 7,2+44-60

le martyr Etienne

Saint Augustin

Sermons pour le propre des saints, troisième série, OC 20, p. 360s

       C’était hier la Nativité de notre Sauveur ; nous vénérons aujourd’hui avec une grande piété la mort de saint Etienne, martyr. Hier, nous étions rachetés à la vie éternelle ; aujourd’hui, nous avons un exemple pour y parvenir. C’est donc avec raison que ces deux solennités se succèdent de près, l’une pour nous conduire à la vie par la foi, l’autre à la couronne par la persévérance. Saint Etienne a été un don de Dieu pour l’édification de l’Eglise entière.

       Encore laïc, il mérita d’être investi du diaconat ; lévite, il eut l’honneur d’être le premier martyr. Quoique mêlé au commun des fidèles, il était déjà remarquable par ses vertus. Il suppléait à la noblesse du nom par celle de la foi. Disciple par le rang, il devint maître par l’exemple. Ceux dont il suivait les traces avec l’humilité de la foi, il les devança dans la voie du martyr. Il est écrit de lui dans les Actes des Apôtres qu’il fut délégué par les Apôtres pour le service des veuves. Cela même qu’il fut préposé au soin des femmes est un témoignage de son incorruptible chasteté. Il sera donc heureux, mes très chers frères, celui qui marchera sur ses traces et l’imitera, puisqu’il obtiendra la palme et la couronne du martyr.

       Le passage des Actes qui vient de nous être lu et qui le concerne, outre l’admiration qu’il excite pour les faits en eux-mêmes, contient un sens caché plein de sublimes enseignements. Voilà, dit le bienheureux Etienne, que je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. Remarquez bien, mes très chers frères : lorsque le bienheureux martyr a vu notre Seigneur Jésus-Christ debout à la droite de Dieu le Père, il atteste qu’il voit le Fils de l’homme, et il ne dit pas le Fils de Dieu. Il aurait paru cependant honorer davantage notre Seigneur en déclarant qu’il voyait le Fils de Dieu, qu’en disant : Je vois le Fils de l’homme. Mais un dessein providentiel voulait que ce mystère fût ainsi montré dans le ciel et révélé sur la terre. Les Juifs, en effet, se scandalisaient uniquement de ce que notre Seigneur Jésus-Christ, étant le Fils de l’homme selon la chair, soit en même temps appelé Fils de Dieu. C’est donc avec raison que l’Ecriture divine rappelle que le Fils de l’homme est assis à la droite de Dieu le Père. C’est pour confondre l’incrédulité des Juifs que Jésus se montrait au saint martyr dans le ciel tel que des impies le niaient sur la terre ; la céleste vérité lui rendait le témoignage que des imposteurs lui refusaient ici-bas.