Jean 20, 2-8

Après la résurrection du seigneur

Saint Augustin

Sermons au peuple, IIème, sermon 245, OC 18 p. 263s

       Aujourd’hui on nous lit le récit de la résurrection du Seigneur dans le saint Evangile, et cet évangile est celui de saint Jean. Nous y trouvons certains détails que les autres évangélistes ne nous apprennent pas. Ils se proposent tous de faire connaître la vérité, et ils ont tous puisé à la même source, mais parmi les faits qu’ils racontent dans l’évangile, il en est qui sont rapportés par tous les évangélistes, d’autres par trois d’entre eux, d’autres par deux, d’autres enfin par un seul. Ainsi ce qu’on peut lire de l’Evangile selon saint Jean, que Marie vit le Seigneur et qu’il lui dit : Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père, n’est rapporté que par saint Jean seul.

       Il en est de même pour la scène où, après que les disciples eurent vus les linceuls déposés dans le tombeau, ils crurent, nous dit l’évangile. Que crurent-ils ? Non pas que le Seigneur était ressuscité, mais qu’on avait enlevé son corps. Jean lui-même, car il se désigne sous le nom de disciple que Jésus aimait, lorsqu’il eut entendu dire par les saintes femmes : On a enlevé mon Seigneur du tombeau, courut avec Pierre, regarda dans le sépulcre, ne vit que les linceuls, et il crut. Que crut-il ? Non pas qu’il était ressuscité, mais qu’on l’avait enlevé du sépulcre. C’est ce que prouvent les paroles qui suivent. Voici en effet ce que est écrit et que nous venons d’entendre : Il regarda, il vit, il crut, car il ne savait pas encore ce qui est écrit dans l’Ecriture, qu’il fallait qu’il ressuscitât d’entre les morts. Nous voyons par là ce qu’il crut ; il crut ce qu’il ne devait pas croire, il crut ce qui était faux. Notre Seigneur lui apparut ensuite, dissipa son erreur, et lui fit connaître la vérité.

       Revenons à Marie ; Jésus lui demande de ne pas le toucher, car il n’est pas encore remonté vers son Père, c’est-à-dire parce que tu ne vois pas encore ce que je suis. C’est à l’Eglise, dont Marie est la figure, d’écouter cette recommandation. Toucher, c’est croire ; touchons donc le Christ en croyant en lui. Il est maintenant remonté  vers son Père, il est assis à sa droite. Voilà ce que croit et professe aujourd’hui l’Eglise tout entière : Il est ressuscité, il est monté aux cieux, il est assis à la droite de Dieu. Voilà ce qu’on enseigne à ceux qui sont baptisés, voilà ce qu’ils doivent croire avant de recevoir le baptême. Lors donc qu’ils croient, c’est Marie qui touche le Christ. C’est comme une porte qui demeure fermée pour les incrédules, mais qui est ouverte à la foi qui frappe.