Luc 2, 22-35

Nunc dimittis

Origène

Homélies sur saint Luc, homélie 15, SC 87, p. 233s

       Maintenant, Seigneur, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix. Nous devons chercher un motif convenable pour bien expliquer la faveur de Dieu à l’égard de Siméon. Comment cet homme, saint et agréable à Dieu, attendant la consolation d’Israël, reçut-il de l’Esprit-Saint, selon le texte de l’Evangile, l’assurance qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ Seigneur ? Quelle utilité pour lui de voir le Christ ? La promesse n’a-t-elle concerné que le simple fait de voir le Christ, sans en retirer aucune utilité ? Ou bien ne cache-t-elle pas une faveur digne de Dieu, que mérita et reçut le bienheureux Siméon ? Une femme toucha la frange du vêtement du Jésus et fut guérie. Si cette femme, à toucher l’extrémité du vêtement en retira tant d’avantages, que penser de Siméon qui reçut l’enfant dans ses bras, et, le tenant dans ses bras, s’abandonnait à la joie, voyant qu’il portait l’enfant venu pour libérer les captifs, et que lui-même allait être délivré des liens du corps ? Il savait que personne ne pouvait faire sortir quelqu’un de la prison du corps avec l’espoir de la vie future, sinon celui qu’il tenait dans ses bras. Et c’est à lui qu’il s’adresse : C’est maintenant, Seigneur, que tu laisses ton serviteur s’en aller dans la paix. Car aussi longtemps que je ne tenais pas le Christ dans mes bras, j’étais emprisonné et ne pouvais sortir de mes liens. Ces mots, d’ailleurs, ce n’est pas seulement de Siméon, mais de tout le genre humain qu’il faut les entendre. Si quelqu’un quitte le monde, si quelqu’un est libéré de la prison et de la demeure des captifs pour obtenir la royauté, qu’il prenne Jésus dans ses bras, qu’il l’entoure de ses bras, qu’il le tienne tout entier sur son cœur, et alors, bondissant de joie, il pourra se rendre où il désire.

       Considérez combien tout a été préparé à l’avance pour que Siméon ait mérité de tenir le Fils de Dieu. Il avait d’abord reçu l’assurance de l’Esprit-Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Puis ce n’est pas par hasard et tout bonnement qu’il est entré dans le Temple, mais il vint au Temple sous la conduite de l’Esprit de Dieu, car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. L’Esprit-Saint le conduisit donc au Temple. Toi aussi, si tu veux tenir Jésus, le serrer dans tes mains et mériter de sortir de prison, fais tous tes efforts pour te laisser guider par l’Esprit, et venir au Temple de Dieu. Et voici que maintenant tu te tiens dans le Temple du Seigneur, c’est-à-dire dans son Eglise, le temple construit de pierres vives. Tu es dans le Temple du Seigneur quand ta vie et ta conduite sont vraiment dignes du nom qui désigne l’Eglise.