Romains 9, 19-33

« Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu »

Saint Augustin

Le livre des quatre-vingt-trois questions diverses, OC 21, p. 78

       Qui es-tu donc, homme, pour entrer en contestation avec Dieu ? Pour comprendre que cette parole ne s’adresse pas à l’âme sanctifiée, mais à la boue charnelle, lisons ce qui suit : Le potier n’est-il pas maître de son argile pour faire, de la même pâte, tel vase d’usage noble, tel autre d’usage vulgaire ? Depuis que notre nature a péché dans le paradis, nous sommes entre les mains de la providence, et nous sommes formés dans notre génération mortelle, non selon le type céleste, mais selon le type terrestre, c’est-à-dire non selon l’esprit, mais selon la chair, et nous sommes tous tirés de cette masse de boue qui est la masse du péché. Puisque nous avons perdu tout mérite par le péché, et que, en dehors de la miséricorde de Dieu, l’unique partage du pécheur c’est la damnation éternelle, à quoi pense l’homme formé de cette masse de contester avec Dieu et de lui dire : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Si vous voulez connaître ce mystère, cessez d’être argile, devenez enfants de Dieu par la miséricorde de celui qui a donné ce pouvoir à tous ceux qui croiraient en son nom, mais non à ceux qui, comme vous, désirent pénétrer les choses divines avant de croire. La connaissance est une récompense du mérite, et le mérite est le fruit de la foi. Or, la grâce qui nous a été donnée par la foi, ne nous était point due pour aucun mérite antérieur. Quel pouvait être, en effet, le mérite du pécheur et de l’impie ? Or le Christ est mort pour les impies et pour les pécheurs, pour nous appeler à la foi non à cause de nos mérites, mais par un bienfait de la grâce, afin qu’en croyant, nous puissions mériter. Les pécheurs sont donc obligés de croire pour que la foi les purifie de leurs péchés. Car ils ne savent pas ce qu’une vie sainte leur découvrira de connaissances. C’est pourquoi, ils ne peuvent voir, sans vivre saintement, et ils ne peuvent vivre saintement sans croire. Il est donc évident qu’il faut commencer par la foi, afin que les préceptes de la foi qui détachent l’homme de ce monde, lui donnent un cœur pur pour être capable de voir Dieu. Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.