1 Corinthiens 10,14 – 11, 1

Le mystère d’unité entre Dieu et nous par l’incarnation et l’eucharistie

Saint Hilaire

Sur la Trinité, VIII, SC 448, p. 401s

       Si le Verbe s’est vraiment fait chair, et si nous recevons vraiment le Verbe fait chair dans la Cène du Seigneur, comment peut-on dire qu’il ne demeure pas naturellement en nous, lui qui en naissant comme homme a pris la nature de notre chair, inséparable de lui désormais, et a uni sa nature de chair à sa nature d’éternité sous le sacrement de sa chair qui nous est communiquée ? Donc il est lui-même en nous par la chair, et nous sommes en lui.

       Combien cette unité en nous est naturelle, le Christ lui-même l’atteste : Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Pour que l’homme soit dans le Christ en effet, il faut que le Christ soit en lui ; il faut que l’homme prenne en soi-même la chair du Christ qui a pris la chair humaine. Le mystère de cette unité parfaite, le Seigneur l’avait déjà enseigné en disant : De même que le Père vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, ainsi celui qui mangera ma chair vivra par moi. Donc le Fils vit par le Père ; et de la même manière qu’il vit par le Père, nous vivons, nous, par sa chair.

       La cause de notre vie, c’est donc que nous avons le Christ demeurant par sa chair en nous, nous qui sommes charnels, afin que nous vivions par lui de même qu’il vit par le Père.

Si donc nous vivons par lui, nous, de par la nature selon la chair, c’est-à-dire pour avoir reçu sa chair naturelle, comment n’aurait-il pas le Père en lui de par la nature selon l’Esprit, puisqu’il vit, lui, par le Père ? Vivre par le Père, il le peut pour autant que la naissance ne lui a pas apporté une nature différente, étrangère, pour autant qu’il tient du Père ce qu’il est, sans qu’aucune dissemblance de nature n’intervienne pour les séparer, pour autant que par la naissance il a en lui le Père dans toute la vertu de sa nature.