Luc 6, 27-38

« Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux »

Abba Poemen

Les sentences des Pères du Désert, n° 666, 638, 716, 687, 751, 644

       Quelques-uns des vieillards allèrent chez Abba Poemen et lui demandèrent : « A ton avis, quand nous voyons les frères s’assoupir à l’office, faut-il les secouer pour qu’ils soient éveillés durant la vigile ? » Il leur dit : « Moi, quand je vois le frère s’assoupir, je mets sa tête sur mes genoux, et je le fais reposer ».

       Un frère demanda à Abba Poemen : « Si je vois une faute de mon frère, est-il bien de la cacher ? » Le vieillard lui dit : « A l’heure même où nous cachons la faute de notre frère, Dieu cache la nôtre ; et à l’heure où nous manifestons la faute du frère, Dieu manifeste aussi la nôtre.

       Un frère vint chez Abba Poemen et, devant quelques frères assis ensemble, il écouta un frère de ce qu’il haïssait le mal. Abba Poemen demanda à celui qui parlait : « Qu’est-ce que haïr le mal ? » Déconcerté, le frère ne trouva rien à répondre. S’étant levé, il se prosterna et dit : Père, qu’est-ce que haïr le mal ? Le vieillard répondit : Celui qui hait le mal, qui hait ses péchés et disculpe son prochain.

       Quelques-uns des Pères demandèrent à Abba Poemen : Quand nous voyons un frère commettre un péché, veux-tu que nous le réprimandions ? Le vieillard répondit : Quant à moi, si j’ai besoin de passer à tel endroit et que je vois un frère commettre un péché, je passe outre sans le réprimander.

       Il a dit encore : La méchanceté ne fait nullement disparaître la méchanceté ; mais si quelqu’un fait du mal, fais-lui du bien, afin que, par ta bienfaisance, tu fasses disparaître la méchanceté.

       Un frère interrogea Abbé Poemen, disant : Quand je vois un frère dont j’ai entendu une faute, je ne peux pas l’introduire dans ma cellule ; mais si j’en vois un bon, je prends plaisir avec lui. Le vieillard lui dit : Si tu fais un peu de bien au  bon frère, fais-le double pour l’autre, car c’est lui le malade.