1 Corinthiens 10, 1-13

« Et le rocher était le Christ »

Baudouin de Ford

Le sacrement de l’autel, SC 94, p. 341s

       L’eau qui coule du rocher signifie le breuvage spirituel que boivent tous ceux qui ont part à la grâce spirituelle. Et le rocher était le Christ. Nous savons donc par l’interprétation de l’Apôtre ce que signifie cette pierre qui donna de l’eau. Cherchons d’après les paroles du Seigneur lui-même, et aussi d’après celles de l’apôtre Paul aux chrétiens de Corinthe, quelle est cette eau spirituelle qui coula du Christ comme d’une source de vie, et quel est ce breuvage spirituel dont nous buvons tous, nous qui croyons au Christ.

       Le Christ  a dit, citant l’Ecriture : Celui qui croit en moi des fleuves d’eau vive couleront de mon sein. Et l’évangéliste saint Jean de poursuivre : il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. A quoi saint Paul ajoute : Tous nous avons bu d’un même Esprit. Voilà l’eau qui a coulé de la pierre, voilà le breuvage spirituel qu’ont bu tous les justes. C’est lui qui étanche la soif ardente, c’est le don de cet Esprit qui comble avec bonheur le désir des saints. Car l’Esprit est consolateur, il rend la joie aux cœurs affligés. Tous les saints se sont réjouis dans cet Esprit, tous ont reçu cet Esprit. Ils ont donc tous bu le même breuvage spirituel.

       L’apôtre Paul a commencé par parler du breuvage spirituel. Plus bas, il parle du rocher qui les suivait, et entre les deux il met : Ils buvaient spirituellement. On peut donc se demander si ce mot spirituellement s’applique au breuvage spirituel, ou au rocher spirituel. Quel besoin d’ajouter cela, et si c’est la même chose, quel besoin de se répéter ?

       La répétition a parfois pour but d’ajouter quelque chose. Si telle est la raison ici, le léger ajout dans les mots est sans grande portée ; l’on peut ne pas en tenir compte et comprendre : Ils ont bu le breuvage spirituel ; ils buvaient en effet du breuvage spirituel, car le rocher les accompagnait. L’addition aurait pour but de montrer d’où coulait le breuvage spirituel qu’ils buvaient.

       Mais si l’on préfère rapporter ces mots au rocher, la phrase signifie qu’ils buvaient le rocher spirituel qui les accompagnait, comme on dit que quelqu’un boit d’une citerne ou d’une vigne, lorsqu’il boit l’eau de cette citerne ou le vin de cette vigne. Le rocher spirituel, c’est le Christ. Le breuvage spirituel, c’est l’Esprit-Saint qui procède du Christ, et est donné par le Christ à ceux qui croient en lui, selon la distribution des diverses grâces.