Matthieu 16, 13-19

Sur la chaire de saint Pierre

Saint Augustin

Sermon 190, OC 20, p. 313s

       L’institution de la fête de ce jour a reçu de nos ancêtres le nom de chaire, parce qu’il est de tradition que Pierre, prince des apôtres, fut mis, en possession, à pareil jour de son siège épiscopal. Les fidèles célèbrent donc à juste titre l’origine de ce siège, dont l’Apôtre fut investi pour leur salut par ces paroles de notre Seigneur : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. Dieu appelle Pierre le fondement de l’Eglise, et celle-ci vénère avec justice ce fondement sur lequel repose tout l’édifice. C’est bien à Pierre que s’appliquent ces paroles du psaume : Qu’on l’exalte à l’assemblée du peuple, et que les vieillards sur leurs sièges disent ses louanges. Et c’est avec raison que Dieu a prescrit de l’exalter dans l’assemblée des fidèles. Il est juste, je le répète, que l’Eglise vénère le fondement grâce auquel elle s’élève jusqu’au ciel. En fêtant aujourd’hui l’origine de la fête de la chaire de saint Pierre, nous rendons honneur au ministère du sacerdoce. Les divers troupeaux de fidèles se rendent ces mutuels égards, sentant qu’ils croissent d’autant plus en dignité, que les fonctions sacerdotales reçoivent plus d’honneurs.

       Ce nom de Pierre lui est donné parce que, le premier, il posa, parmi les nations, le fondement de la foi et qu’il est le rocher indestructible sur lequel reposent les assises et l’ensemble de l’édifice de Jésus-Christ. C’est pour sa fidélité qu’il est appelé Pierre, tandis que le Seigneur reçoit ce nom pour sa puissance, selon la parole de saint Paul : Ils buvaient l’eau de la pierre spirituelle qui les suivait, et cette pierre est Jésus-Christ. Oui, il méritait de partager un même nom avec le Christ, l’Apôtre choisi pour être le coopérateur de son œuvre. Ensemble ils ont construit le même édifice. C’est Pierre qui plante, c’est le Seigneur qui donne l’accroissement, c’est le Seigneur aussi qui envoie ceux qui devront arroser. Vous le savez, frères, c’est à partir de ses propres fautes, au moment où souffrait son Sauveur que le bienheureux Pierre a été élevé. C’est après qu’il eut renié le Seigneur qu’il devint auprès de lui le premier. Rendu plus fidèle en pleurant sur la foi qu’il avait trahie, il reçut une grâce plus grande encore que celle qu’il avait perdue. Le Christ lui confia son troupeau pour le conduire comme le bon pasteur, et, lui qui avait été si faible, il devenait maintenant le soutien de tous. Lui qui, interrogé sur sa foi, avait succombé, il fallait qu’il établît les autres sur le fondement inébranlable de la foi. Aussi est-il appelé la pierre fondamentale de la piété des Eglises.