1 Corinthiens 11, 17-34

L’eucharistie

Saint Thomas d’Aquin

Commentaire de la première épître aux Corinthiens, n° 644s

       L’Apôtre traite ici d’abord de la dignité du sacrement, puis il convainc les fidèles de recevoir ce sacrement avec révérence.

       Sur le premier point, il fait deux choses : la première, il recommande l’autorité de la doctrine qu’il va donner, du côté de son auteur qui est le Christ, avec ces mots : J’ai dit que pour vous ce n’est plus manger la cène du Seigneur, mais bien le sacrement de l’eucharistie, ce que j’ai moi-même reçu du Seigneur, le Christ, qui est l’auteur de cette doctrine, Paul ne l’a pas reçu simplement d’un homme. En second lieu, il recommande l’autorité de la doctrine du côté du ministre qui est Paul lui-même, avec ces mots : cela même qu’à mon tour je vous ai transmis.

Ensuite, quand il dit : à savoir que le Seigneur Jésus, il recommande la dignité de ce sacrement en transmettant le récit de son institution. Aussi expose-t-il, l’institution, puis le temps de l’institution, enfin le mode selon lequel il fut institué.

L’institution : Celui qui a institué ce sacrement, c’est le Christ lui-même. C’est pourquoi, Paul précise : notre Seigneur Jésus. Nous avons dit, en effet, que, dans les sacrements, le Christ possède le pouvoir d’excellence qui est quadruple : c’est sa vertu et son mérite qui opère le sacrement, c’est en son nom que le sacrement est sanctifié, le Christ peut attribuer l’effet du sacrement sans le sacrement, enfin il peut instituer un sacrement nouveau. Or il convenait spécialement que le Christ lui-même, en sa propre personne, instituât ce sacrement dans lequel on communie à son corps et à son sang, ainsi qu’il le dit lui-même : Le pain que je vous donnerai est ma chair pour la vie du monde.

Le temps de l’institution : Ensuite quand l’Apôtre dit : Dans la nuit où il fut livré, il décrit le temps de l’institution de ce sacrement. Ce temps fut celui qui convenait : quant à la qualité du temps, car ce fut dans la nuit, et par la vertu de ce sacrement, l’âme est illuminée. Puis, quant à l’affaire qui se traitait en même temps, je veux dire qu’il institua ce sacrement qui est le mémorial de sa Passion à l’heure même où il était livré à la Passion par laquelle il passa au Père.

Le mode de cette institution : Il prit du pain, il prit la coupe.

Les sacrements ont été institués en vue des nécessités de la vie spirituelle. Les choses corporelles étant des similitudes des réalités spirituelles, il faut que les sacrements correspondent aux nécessités de la vie corporelle. Pour la vie corporelle sont requis des aliments par lesquels le corps de l’homme est nourri ; pareillement la vie spirituelle est restaurée par le sacrement de l’eucharistie, selon ces paroles du psalmiste : C’est dans un lieu de pâturages qu’il m’a établi, vers l’eau du réconfort il m’a conduit.