Isaïe 58, 1-14

Crucifions l’homme ancien

Saint Augustin

Sermon 205, OC 18, p. 103s

Nous entrons aujourd’hui dans le temps du Carême que chaque année nous fait revivre. A moi le devoir de vous adresser, comme chaque année, des exhortations, afin que la Parole de Dieu dont je suis le ministre nourrisse votre cœur, tandis que votre corps observe le jeûne. Ainsi l’homme intérieur, fortifié par la nourriture qui lui est propre, pourra entreprendre et supporter avec plus de force la mortification de l’homme intérieur.

Ecoutez ce que dit l’apôtre : Je vous exhorte, au nom de la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu. Paul parle de cette croix dont le serviteur de Dieu n’a pas à rougir, mais qui est pour lui sujet de gloire : Pour moi, non, jamais d’autre titre de gloire que la croix de Notre Seigneur Jésus le Christ, par elle, le monde est crucifié pour moi, comme moi pour le monde. Cette croix ne nous est pas donnée pour quarante jours, mais pour notre vie entière, représentée par le nombre mystique de quarante jours. Moïse, Elie et le Seigneur lui-même ont jeûné pendant quarante jours. L’Ecriture nous fait ainsi comprendre, par l’exemple de Moïse, d’Elie et du Seigneur, c’est-à-dire par la Loi, les Prophètes et l’Evangile, comment nous devons nous comporter ou nous attacher à ce monde, mais crucifier l’homme ancien pour revêtir l’homme nouveau.

Voilà, chrétien, quelle doit être toute notre vie ; si vous ne voulez point vous enfoncer dans le bourbier de cette terre, ne descendez jamais de cette croix. Or, si tel est votre devoir tous les jours de notre vie, combien plus pendant ce temps de Carême, qui, non seulement est une partie de la vie, mais qui la représente tout entière ?